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Jardin écoresponsable (infographie)Les enseignes de jardinerie et de bricolage sont-elles de bon conseil ?

MB
JV

par Marie Bourdellès, Juliette Vacant

Votre conscience écologique vous dicte d’aménager votre jardin et d’en prendre soin de manière durable ? Investir dans du matériel adapté est possible, la demande des consommateurs s’accentuant à la mesure du réchauffement climatique. Si vous n’êtes pas expert dans le domaine, jardineries et magasins de bricolage apparaissent comme les lieux indiqués pour mener un tel projet. L’offre de ces points de vente est-elle à la hauteur d’un jardinage vert ? Les vendeurs sont-ils suffisamment affûtés pour vous conseiller ? Réponses après notre enquête dans 687 magasins.

Les terreaux bios sont loin d’envahir les rayons des enseignes étudiées, toutes confondues : seul un tiers de l’offre (34 %) l’est. En trio de tête, Botanic en propose 55 %, Magasin Vert, 53 % et Leroy Merlin, 46 %. Chez Truffaut et Castorama, cette proportion ne s’élève respectivement qu’à 22 % et 16 %.

Les contraintes de production, à la fois économiques (matières premières plus chères et moins disponibles) et réglementaires (certifications par un organisme autorisé, produits chimiques interdits…) peuvent expliquer cette faible représentativité, dans un contexte où la demande est pourtant en croissance. En 2023, les ventes de terreaux bios ou naturels représentaient en effet 55 % du chiffre d’affaires, selon une étude du cabinet GfK.

À retenir Les terreaux classiques contiennent généralement de la tourbe, dont l’extraction détruit non seulement les tourbières, utiles pour la préservation de l’environnement, mais libère aussi d’importantes quantités de CO2. Toutes les marques bios n’en sont pas exemptes, à vous de vérifier la composition sur l’emballage.

Le label français en haut de l’affiche

Le label Fleurs de France garantit l’origine hexagonale du végétal, réduisant ainsi l’impact carbone de la plante, qui n’a pas été importée de pays lointains. Certaines espèces font en effet le tour du monde avant d’arriver en magasin ! Trois quarts des magasins vendaient des plantes arborant ce label, c’est donc un point positif. En revanche, les labels AB/Eurofeuille (correspondant à la réglementation européenne) ont été vus dans moins de 3 magasins sur 10. Cet étiquetage répond à des normes exigeantes (pesticides et engrais interdits, consommation d’eau raisonnée…) et encore trop peu présentes en horticulture en France. Les trois derniers macarons recensés, moins connus mais aussi moins présents, ne garantissent pas une production bio mais davantage respectueuse de l’impact environnemental (selon le logo : économie d’eau, production locale, préservation de la biodiversité, etc.).

De bonnes solutions…

Lors de notre enquête menée dans les enseignes de jardinerie et de bricolage, les bénévoles de l’UFC-Que Choisir avaient deux scénarios au choix : achat d’un composteur pour un jardin de 200 m2 ou solution d’arrosage économique en eau pour un parterre de 30 m2 (voir encadré « Comment nous avons procédé »).

Côté compost, le produit le plus recommandé est celui en plastique. Plus résistant et donc plus durable, il se montre également moins cher et facile d’utilisation. De nombreuses références sont fabriquées en plastique recyclé. Bonne nouvelle que de constater que ce type de modèle fait l’objet d’une préconisation majoritaire de la part des vendeurs. Seul Botanic ne le conseille en premier lieu qu’à 47 %, toutes les autres n’affichant pas moins de 60 %, pour une moyenne à 76 %.

Comparatif

Composteurs d’extérieur

Voir le comparatif

Pour arroser le jardin, l’équipement plébiscité par 69 % des vendeurs est le goutte-à-goutte. Particulièrement adapté aux potagers ou parterres de fleurs, il se compose d’un tuyau principal auquel sont raccordés des goutteurs (tuyaux secondaires très fins), qui diffusent l’eau au pied des plantations. Ce système permet une distribution précise et raisonnée de l’eau. Associé à un programmateur, qui fait certes grimper la facture, il offre la possibilité de planifier l’arrosage, de le déclencher automatiquement et de l’annuler si nécessaire. En revanche, par défaut, il utilise l’eau courante. Le combiner avec un récupérateur d’eau offre une solution à la fois économe en ressource aquatique et respectueuse de l’environnement, en puisant l’eau de pluie. Une telle installation nécessite quelques travaux d’aménagement, mais se révèle fructueuse sur le long terme.

→ Lire aussi : Jardin écoresponsable - Comment réduire les besoins en eau de son jardin

… mais pas de conseils

Finalement, la satisfaction clients vis-à-vis de l’accueil réservé en magasin est passable. Au global, elle n’est pas mauvaise, avec une note à 7,8/10, toutes enseignes confondues. Mais, dans le détail, ça se corse. Trois critères étaient pris en compte : la disponibilité, l’amabilité et les explications fournies. Les deux premiers ont récolté de bonnes évaluations, mais le troisième plombe le résultat, notamment dans les enseignes de bricolage. Sur ce seul item « explications », les notes oscillent entre 5,3/10 (Mr. Bricolage) et 6,6 (Leroy Merlin), quand celles de jardineries, plus nombreuses, fluctuent entre 5,8 (Magasin Vert et Point Vert) et 7,8 (Jardiland). Particulièrement, concernant l’utilisation du composteur, les lacunes s’accumulent : seuls 36 % des vendeurs ont indiqué qu’il ne fallait pas y jeter de viande ou de poisson. Ce conseil est pourtant le plus préconisé, les autres composants (huiles, aliments avariés, produits laitiers, etc.) étant encore moins mentionnés. L’obtention du compost souffre également d’un manque d’informations. À peine la moitié des interlocuteurs (49 %) précisent que le tas doit être brassé. Quant aux autres recommandations, leur dispense relève de l’anecdotique (broyer les déchets au maximum : 19 % ; mettre le compost à l’ombre : 13 %, les conseils allant decrescendo). Ces carences peuvent aboutir à un échec du compost.

Le constat est pire sur le goutte-à-goutte, système d’arrosage conseillé en premier chef : 57 % des vendeurs n’ont délivré aucune préconisation, ni sur l’installation, ni sur le fonctionnement !

Satisfaction des jardineries

Part de bio
au rayon terreaux

Niveau de prix
des solutions recommandées

Accueil
du client

Qualité des explications

Botanic

55%

€€€€

Delbard

30%

€€

Gamm vert

28%

Jardiland

28%

€€€

LaMaison.fr

42%

€€€

Vert/Point Vert

53%

€€

Truffaut

22%

€€€€

Villaverde

29%


 Très bon  Bon  Moyen  Médiocre  Mauvais

Satisfaction des enseignes de bricolage

Part de bio
au rayon terreaux

Niveau de prix
des solutions recommandées

Accueil
du client

Qualité des explications

Leroy Merlin

46%

€€€

Mr. Bricolage

36%

Bricomarché

38%

Bricorama

36%

€€

Castorama

16%

€€


 Très bon  Bon  Moyen  Médiocre  Mauvais

Comment nous avons procédé

Entre le 21 septembre et le 5 octobre 2024, les enquêteurs de l’UFC-Que Choisir se sont rendus anonymement dans 687 boutiques de jardinage et de bricolage de différentes enseignes : Gamm vert, Jardiland, Botanic, LaMaison.fr, Truffaut, Magasin Vert/Point Vert, Villaverde, Delbard, Castorama, Leroy Merlin, Mr. Bricolage, Bricomarché, Bricorama.

Chaque enquêteur devait se renseigner sur une solution de jardinage écologique, soit d'économie d'eau d'arrosage, soit de compostage de ses biodéchets. Outre l'accueil et le conseil du vendeur, les bénévoles devaient estimer l'offre bio en magasin, notamment en comptant la part de l'offre bio/ab/uab du rayon des terres et terreaux.

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Marie Bourdellès

JV

Juliette Vacant

Observatoire de la consommation

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