par Fabienne Maleysson
Prêt-à-porterNos placards débordent

Une récente étude menée pour le compte de l’Agence de la transition écologique (Ademe) dévoile la quantité astronomique d’habits qui s’accumulent dans nos dressings.
172 ! C’est le nombre de vêtements et paires de chaussures que renfermerait en moyenne le placard d’un Français. L’Observatoire société et consommation (Obsoco) est parvenu à ce chiffre surprenant ‒ qui n’inclut pas les sous-vêtements ‒ en deux temps. Il a d’abord posé à 4 000 personnes (1) des questions portant sur leurs habitudes de consommation. Interrogées sur le nombre de pièces dont elles disposaient, qu’elles soient couramment portées ou dorment dans les penderies, elles ont répondu 78. Puis les enquêteurs se sont rendus au domicile de 40 personnes pour un inventaire poussé. Elles estimaient leur stock à 91 habits et paires de souliers contre… 195 en réalité ! Soit un facteur multiplicateur de 2,2 entre impression et faits qui permet d’aboutir à 172 pour l’ensemble. Et devinez quelle catégorie de personnes, parmi le sous-groupe de 40, avait les placards les plus surchargés ? Les adeptes de la seconde main, avec le record faramineux de 266 pièces en moyenne !
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Autre enseignement surprenant, il n’est pas rare que l’on conserve des habits à l’état neuf (jamais portés ou moins de deux fois). Ce gisement représente, selon les calculs de l’Obsoco, 120 millions d’articles. Plus largement, la part de ceux dormant sur les cintres ou les étagères est importante, les personnes interrogées estiment qu’elle représente la moitié de leur garde-robe. Un gaspillage comme un autre. Il faut dire que la fréquence d’achat est soutenue pour une proportion non négligeable de la population : 20 % des personnes interrogées passent à la caisse au moins une fois par mois. Une habitude plus répandue chez les jeunes et les personnes vivant en ville.
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L’étude s’intéresse également aux achats de fast fashion (Zara, H&M, Primark par exemple) et d’ultra-fast fashion (Shein, Temu, Aliexpress, Wish). Bien que les personnes qui connaissent l’offre de ces dernières marques jugent en grande majorité qu’elle est de mauvaise qualité, elles leur restent fidèles non seulement à cause des prix pratiqués mais aussi pour « acheter beaucoup de vêtements, les renouveler souvent ». Mais cette offre à bas prix n’est pas, in fine, synonyme d’économies, bien au contraire. Celles et ceux dont le canal d’approvisionnement principal est la fast fashion dépensent plus dans l’année, à la fois pour leur propre compte et pour leurs enfants, que toute autre catégorie (ceux qui préfèrent par exemple la grande distribution, les enseignes de sport ou les boutiques plus classiques).
Une fièvre acheteuse trop répandue qui transparaît dans les données globales : 3,2 milliards de vêtements ont été mis sur le marché en France en 2023 contre 2,3 milliards en 2010.
(1) Échantillon représentatif de la population de 16 à 75 ans interrogé en avril 2024 par l’Obsoco pour le compte de l’Ademe.
Fabienne Maleysson