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Électricité

ERDF change de nom aux frais des usagers

Cette fois c’est la bonne, ERDF, filiale à 100 % d’EDF, change vraiment de nom pour se rebaptiser Enedis. Mais c’est surtout l’issue d’un mauvais feuilleton qui n’a que trop duré et qui coûte cher aux usagers.

Ce changement de nom intervient pour clore le bras de fer qui opposait ERDF, filiale à 100 % d’EDF chargée de la distribution publique de l’électricité, à la Commission de régulation de l’énergie, la CRE, ainsi qu’à l’UFC-Que Choisir.

Dès 2014, l’UFC-Que Choisir avait saisi le Comité de règlement des différends et des sanctions de la CRE, le Cordis, au sujet des liens financiers d’ERDF avec sa maison mère EDF. L’association dénonçait la proximité du logo et du nom qui entretient la confusion, tant les liens visuels sont étroits entre les logos d’EDF et ERDF. Elle pointait le manque d’investissements d’ERDF dans le réseau électrique, dû à la logique financière qui liait ERDF à EDF au détriment de la qualité du réseau électrique desservant les usagers. « Cette porosité des comptes entre la filiale et sa maison mère soulève un grave conflit d’intérêt entre EDF qui évolue dans le domaine concurrentiel et ERDF qui effectue une mission de service public », argumentait l’UFC-Que Choisir qui demandait notamment au Cordis de « sanctionner ce manque d’indépendance si préjudiciable aux usagers du réseau électrique ».

Dès janvier 2015, la CRE mettait à son tour ERDF en garde « contre la confusion qui persiste entre ses missions de service public de distribution d’électricité et l’activité de fourniture d’énergie de sa maison mère ». Elle pointait les identités visuelles, les sigles et les logos trop proches de ceux d’EDF. « Cette similitude nuit à l’information déjà très faible des consommateurs et entrave l’ouverture à la concurrence », estimait le gendarme du secteur de l’énergie, exigeant des décisions fortes et rapides pour mettre fin à cette confusion.

ERDF décide alors de modifier son logo. Mais à l’arrivée, en juin 2015, la proximité reste frappante, l’UFC-Que Choisir voit rouge et maintient sa plainte devant le Cordis. De son côté, la CRE juge que les modifications apportées par ERDF ne compensent pas les facteurs de confusion qui subsistent : proximité phonétique, conceptuelle, de couleurs, de sigles et de dénominations sociales. Du coup, la Commission de régulation de l’énergie emboîte le pas à l’UFC-Que Choisir en saisissant à son tour le Cordis. Acculé à changer de nom sous peine de sanctions financières, le gestionnaire de réseau finit par s’y résoudre.

Mais toutes ces tergiversations qui auront mené d’ERDF à Enedis auront coûté cher et même très cher aux usagers. Car au final, ce sont eux qui paient l’addition, qu’ils soient d’ailleurs clients d’EDF ou d’un fournisseur concurrent. Soit au bas mot un coût de 30 millions pour la parodie d’évolution en 2015, et sans doute beaucoup plus pour ce changement de nom, qui seront répercutés sur nos factures d’électricité via la partie acheminement. Pour ERDF qui aurait pu éviter ces dépenses en se pliant aux recommandations initiales de la CRE, c’est en revanche l’impunité totale.  

Élisabeth Chesnais

Élisabeth Chesnais

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