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Outox

Victoire du marketing

Depuis quelques jours, Outox, le nouveau soda censé diminuer les effets de l'absorption d'alcool, est en vente sur Internet. Et ce en dépit de la mise en demeure de Bercy à la société luxembourgeoise qui le commercialise de se mettre en conformité avec la réglementation.

Coup de pub réussi pour Outox : le buzz a parfaitement fonctionné. Avant même son lancement officiel, le 18 juin dernier, les média avaient largement relayé l'annonce de la mise sur le marché de cette nouvelle boisson pétillante qui « accélère la chute du taux d'alcool et permet de retrouver plus rapidement un état normal » après une soirée bien arrosée. Résultat : Bercy a eu beau rappeler à l'ordre ses concepteurs et exiger qu'ils se mettent en conformité avec la réglementation communautaire, qui prévoit une évaluation scientifique des vertus supposées de leur breuvage : trop tard. Certes, les allégations litigieuses ont disparu de sa communication et n'apparaissent pas sur les canettes. Avec beaucoup d'habileté, l'étiquetage met simplement en garde les consommateurs contre les méfaits de l'alcool et les incite à avoir « le réflexe éthylotest malgré Outox ».

En vente sur Internet pour la coquette somme de 3,99 euros la canette de 25 cl, le soda devrait prochainement bénéficier d'une distribution beaucoup plus large dans les grandes surfaces, les restaurants et les boîtes de nuit. Ce n'est pas une première. Depuis 4 ans, une potion du même type, Security Feel Better, a réussi sa percée dans les linéaires des grandes surfaces, sans que les pouvoirs publics aient réussi à trouver la faille pour l'interdire. La formule d'Outox n'est pas très différente. Du fructose principalement, censé booster l'activité des enzymes du foie, ainsi que de l'acide ascorbique, de l'acide malique et de l'acide citrique. Mais, cette fois, les effets antialcool de la nouvelle boisson seraient prouvés scientifiquement. C'est du moins ce que prétendent ses deux promoteurs, Marc Smaele et Maurice Penaruiz. Ils appuient leurs dires sur une étude clinique réalisée par un laboratoire indépendant français sur un panel de 60 volontaires. Le breuvage générerait une « baisse significative » de l'alcoolémie dans le sang environ 45 minutes après sa consommation. Des affirmations contestées par l'Agence française de sécurité sanitaire de l'alimentation (Afssa), qui rappelle que « sur des dossiers similaires, le Conseil supérieur d'hygiène publique, en 2000, puis l'Afssa en 2006, avaient conclu que la preuve de l'efficacité de ce type de boissons pour diminuer le taux d'alcool dans le sang n'était pas apportée ». Même son de cloche de la part de la Prévention routière et des associations antialcool : elles dénoncent à l'unanimité le caractère fallacieux et irresponsable des promesses d'Outox, qui risquent de donner un sentiment de fausse sécurité aux consommateurs. « L'alcool est la première cause de mortalité sur la route. Ce genre de produit miracle est dangereux, car il incite les conducteurs à boire au lieu de s'abstenir avant de prendre le volant, allant ainsi à l'encontre de toutes les bonnes pratiques de prévention », s'insurge Charles Mercier-Guyon, médecin du Conseil médical de la Prévention routière. Le risque est d'autant plus grand que la communication d'Outox, tout comme le design flashy de ses canettes, cible clairement les jeunes.

Florence Humbert

Florence Humbert

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