

par Elsa Casalegno, Juliette Vacant
par Elsa Casalegno, Juliette Vacant
Alors que les prix des denrées alimentaires se sont stabilisés depuis plusieurs mois, ce n’est pas le cas au rayon boissons rafraîchissantes sans alcool. Cette catégorie de produits a augmenté de 11 % entre mai 2024 et mai 2025.
Le prix des boissons rafraîchissantes ne cesse de grimper. Il affiche une hausse de 11 % entre mai 2024 et mai 2025, et sur 3 ans, la hausse atteint même 30 %, contre 23 % concernant l’ensemble de l’alimentaire. Entre janvier 2022 et février 2025, l’inflation sur ces boissons était pourtant un peu moins élevée que pour le reste des produits. Mais la situation s’est brutalement inversée au printemps. En cause, la revalorisation du montant de la taxe soda effective depuis mars 2025. Cette dernière a été répercutée au consommateur à partir du mois d’avril, période à laquelle la hausse a été la plus forte : +11 % par rapport à avril 2024.
Cette législation impacte seulement les boissons contenant des sucres ajoutés ou des édulcorants, soit les sodas, certains nectars de fruits et autres boissons sucrées : ces produits ont vu leurs prix augmenter de 12 % en moyenne, contre seulement 2 % pour les rafraîchissements sans sucre. D’ailleurs, ce sont les sodas qui enregistrent la plus forte hausse, à +15 %, suivis par les jus de fruits (+10 %) puis les divers autres breuvages contenant des sucres ajoutés (+9 %).
La réévaluation de la taxe soda joue effectivement un rôle dans l’augmentation des prix des boissons contenant des sucres ajoutés. Ce prélèvement est déterminé selon la quantité de sucre ajoutée, pour trois tranches différentes (1). Pour les boissons comportant plus de 80 g de sucre par litre, son montant s’élève désormais à 0,35 € par litre ; entre 50 et 80 g/l, il est de 0,21 € ; en deçà de 50 g/l, il ne pèse que 0,04 €. Concernant les boissons avec édulcorant de synthèse (dites « light »), une taxe unique est prélevée, à hauteur de 0,035 €/l.
À titre d’exemple, la bouteille de 1,25 l de Coca-Cola, l’un des formats les plus achetés, contient 10,6 g de sucre pour 100 ml (soit plus de 10 kg pour 100 hl) ; la taxe passant de 18 centimes à 35 centimes par litre, son prix augmente de 17 centimes par litre – donc de 21 centimes pour la bouteille de 1,25 l.
Côté jus de fruits, qu’il s’agisse de pur jus ou de jus à base de concentré, le rayon subit une hausse de 10 %. Pourtant, ce n’est pas la taxe soda qui l’explique : les purs jus et les jus reconstitués, sans sucre ajouté, ne sont pas concernés par ce prélèvement. Quant aux nectars, ils en contiennent en général moins de 50 g par litre, le montant de la taxe est donc marginal. Cette catégorie affiche d’ailleurs une inflation cantonnée à 2 % ‒ sauf une exception notable, le multifruits tropical de Jafaden (E.Leclerc), à +19 %.
Ce sont les purs jus qui voient leurs prix grimper le plus, parfois dans des proportions importantes. Ainsi, le jus d’orange sans pulpe Joker (Granini) en format 1 litre accuse 0,55 € de hausse depuis janvier 2025, soit +24 %. Quant au jus de pomme Joker, il enregistre +11 % sur 1 an.
Principale explication : le réchauffement climatique. Le Brésil, premier fournisseur mondial d’oranges, subit les aléas de la météo ‒ sécheresses et inondations ‒ qui ont impacté les récoltes d’agrumes (l'année en cours s'annonce meilleure). Les autres régions du monde ne sont pas épargnées, en particulier le Maghreb et l’Espagne, tandis que la Floride, victime d'ouragans destructeurs, a disparu du marché. Ces cultures sont également victimes de la maladie du huanglongbing, aussi appelée « maladie du dragon jaune », causée par une bactérie. Cette maladie s’étend peu à peu sur la planète, du fait du réchauffement climatique qui agrandit l’aire de vie de l’insecte vecteur de la bactérie. Pour autant, l'inflation des prix relevés par Que Choisir est largement supérieure aux 2 % d’inflation globale sur l’alimentaire.
Tous produits confondus, les hausses se font davantage sentir sur les produits vendus sous marques de distributeurs que sur les marques nationales. Leurs marges étant plus comprimées, ils ont moins de latitude pour absorber les hausses. La palme revient au soda Tonic de U, à +58 % en 1 an ! Par comparaison, le jus d’orange de marque Joker ne prend que 34 % sur la même période. Pour autant, le prix au litre des marques de distributeurs reste plus avantageux, à 1,14 € par litre en moyenne, contre 2,35 € pour les marques nationales.
La hausse du coût des sodas semble déjà influencer les pratiques d’achats : le magazine spécialisé LSA note une diminution significative des volumes vendus depuis le début de l’année. Un bonne nouvelle car c’est bel et bien l’objectif de cette taxe : réduire la consommation de ce type de boissons, qui sont néfastes pour la santé. Les sucres ajoutés favorisent en effet des pathologies telles que l’obésité ou le diabète.
Pour faire des économies, inutile de vous rabattre sur des formats plus petits, qui se multiplient dans les magasins. Ces packagings de 20 cl, 25 cl ou 33 cl semblent plus intéressants en termes de prix. En valeur faciale, peut-être. Mais les prix au litre sont plus élevés que les grands volumes. Ainsi, un lot de 6 canettes de Coca-Cola de 20 cl coûte 3,12 €/litre, soit deux fois plus que la bouteille de 1,25 litre à 1,54 €/litre.
(1) La taxe sur les boissons contenant des sucres ajoutés était jusqu’en février 2025 constituée de 15 tarifs différents selon l’ajout de sucre : de moins de 1 kg pour 100 hl de boisson, à plus de 15 kg/100 hl.
Elsa Casalegno
Juliette Vacant
Observatoire de la consommation
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