par Cyril Brosset
par Cyril Brosset
Lors d’une audition au Sénat, deux professeurs d’économie ont mis en garde contre le risque de voir les tarifs des abonnements augmenter si le marché des télécoms revenait à 3 opérateurs au lieu de 4.
Il y a quelques semaines, Orange, Bouygues Télécom et Free présentaient au groupe Altice une proposition d’achat à 17 milliards d’euros de son opérateur SFR. Si l’offre a été déclinée, la question d’une vente du troisième opérateur de France à ses principaux concurrents reste d’actualité. Pour évaluer les effets potentiels d’un tel scénario, la Commission des affaires économiques du Sénat a convié, ce mercredi 5 novembre, Thierry Pénard et Marc Bourreau, deux professeurs d'économie, pour avoir leur avis sur le sujet. Et leur constat est sans appel : selon eux, un retour à 3 opérateurs entraînerait quasiment à coup sûr une hausse des prix des abonnements. Certes, les tarifs n’augmenteraient pas du jour au lendemain, mais au bout de 1 ou 2 ans, la baisse de la pression concurrentielle engendrerait à coup sûr une inflation. Les deux experts craignent en outre que les marques à bas coût (Sosh chez Orange et B&You chez Bouygues Télécom), lancées pour contrer l’arrivée de Free mobile, soient moins mises en avant, voire disparaissent. Les clients seraient alors incités à se tourner vers des offres premium, et donc plus chères.

Ces potentielles hausses de prix permettront-elles au moins aux clients de bénéficier d’une meilleure qualité de service ? Rien n’est moins sûr. Car si la concurrence pousse les acteurs à innover, elle peut, lorsqu’elle est trop pesante, avoir l’effet inverse. Difficile, dans ces conditions, d’anticiper les effets d’une baisse de la pression concurrentielle.
Ce qui est certain, c’est qu’Orange, Bouygues Télécom et Free rêvent depuis longtemps de se partager SFR, à la fois pour trouver des relais de croissance, mais aussi pour éviter qu’un nouvel acteur ne vienne relancer une guerre des prix qu’ils jugent dangereuse. Selon eux, une concentration est au contraire indispensable pour les aider à faire face aux coûteux investissements à venir dans la fibre optique, la 5G et l’intelligence artificielle.
Les deux experts restent toutefois prudents. Le scénario qui se dessinera dépendra de la manière dont les 3 opérateurs se répartiront les actifs de SFR et des obligations que l’Autorité de la concurrence ne manquera pas de leur imposer. Ils pointent également certaines caractéristiques spécifiques au marché français. Contrairement aux autres pays où un tel scénario s’est produit, en France, les parts de marché des 4 grands opérateurs sont assez proches les unes des autres. Il n’est pas question ici de fusionner 2 petits opérateurs, mais plutôt de récupérer celui qui est souvent considéré comme « le moins innovant ». Autre particularité : un marché des professionnels qui reste largement dominé par Orange, laissant penser que les entreprises pourraient, au final, être plus impactées que les particuliers.

Cyril Brosset
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