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Vêtements enfants d’occasion

Smala et Beebs dans le viseur

Après Vinted, l’UFC-Que Choisir dénonce les pratiques de Smala et Beebs, deux plateformes dédiées à l’achat et à la vente de vêtements enfants d’occasion. L’ambition de ces acteurs a beau être louable, le respect du droit des utilisateurs n’est pas négociable.

À l’heure où les consommateurs prennent de plus en plus conscience des effets néfastes de la mode jetable, tout ce qui favorise la revente des vêtements déjà portés va dans le bon sens. Et ça tombe bien, depuis quelques années, de nombreuses initiatives favorisant l’échange de vêtements d’occasion sont lancées, dans les traces du géant Vinted. Toutefois, tous ces sites ne respectent pas le droit des consommateurs et certains sont à l’origine de plaintes dans nos associations locales. Pour éviter que ce phénomène ne prenne plus d’ampleur, le service juridique de l’UFC-Que Choisir a décidé de taper du poing sur la table en mettant en demeure deux d’entre eux de se conformer au droit de la consommation.

Les belles promesses de Smala

Le premier est le site Internet Smala.com, spécialisé dans la revente de vêtements pour enfants de 0 à 16 ans. Contrairement à Vinted, Smala collecte, reconditionne et expédie lui-même les articles présents sur sa plateforme. Le problème, c’est qu’entre les informations brandies sur la page d’accueil et celles qui figurent dans les conditions générales de vente (CGV), il y a parfois une marge.

Ainsi, alors que le site fait miroiter en gros caractères une « livraison express en 48 h dans un colis soigné », les CGV, elles, évoquent un délai de livraison « de 3 à 4 jours » en moyenne et d’un « maximum de 8 jours ouvrés ». Le vendeur se décharge en outre de sa responsabilité en cas d’emballage arrivant abîmé et va même jusqu’à faire peser sur l’acheteur les « risques tenant à la livraison », en contradiction avec l’article L. 216-2 du Code de la consommation. Enfin, la page d’accueil assure offrir un délai de rétractation de 15 jours, contre 14 dans les CGV, et promet du « comme neuf » alors que l'utilisation de ce terme pour des produits reconditionnés est prohibée depuis le décret n° 2022-190 du 17 février 2022.

La présentation des produits aussi est susceptible d’être trompeuse. Le fait d’afficher un prix barré pourrait en effet laisser penser à l’acheteur qu’il bénéficie d’une promotion. Or, il n’en est rien. En ouvrant la fiche produit, les plus attentifs découvrent qu’il s’agit en réalité d’un « prix neuf estimé ». Un prix, qui plus est, souvent un peu plus bas de quelques centimes que le prix barré affiché auparavant. Sur le compte Instagram de Smala, le risque de confusion est encore plus grand dans la mesure où sur chaque article est affiché un pourcentage de remise, sans qu’il soit précisé que celui-ci se base sur un prix neuf estimé (1).

Les 54 % de remise sont calculés par rapport au prix de l’article neuf. Or, cet élément n’est pas précisé immédiatement.

Chez Beebs, des frais additionnels s’invitent au panier

Beebs aussi a droit à sa mise en demeure. Cette application mobile qui met en relation vendeurs et acheteurs d’articles de seconde main pour enfants a la fâcheuse tendance, à l’instar de son modèle Vinted, à mal informer ses utilisateurs sur les commissions qu’elle facture. Ce n’est qu’après avoir choisi ses articles et rempli son panier que l’acheteur découvre que des « frais de service et protection » de plusieurs euros viennent s’ajouter au prix initial. Le service juridique de l’UFC-Que Choisir lui demande de garantir à ses clients qui en feraient la demande de pouvoir recourir à un service de médiation, comme le prévoit l’article L. 612-1 du Code de la consommation, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.

Enfin, Beebs devra se conformer au Règlement général sur la protection des données (RGPD) en faisant en sorte que les utilisateurs de son appli acceptant que leurs données bancaires soient sauvegardées aient une case à cocher. Aujourd’hui, cette case est cochée d’office.

Si Beebs évoque rapidement les frais de livraison, elle reste plus discrète sur les « Frais de service et protection ».

Informations erronées, non-respect du droit de la consommation, manque de transparence… l’UFC-Que Choisir refuse que de telles pratiques freinent l’essor d’un secteur essentiel pour la protection de la planète.

(1) Depuis ces constatations, Smala a procédé à quelques modifications.

Le service juridique de l’UFC-Que Choisir

Le service juridique de l’UFC-Que Choisir

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