ENQUÊTE
Fêtes de fin d'année

Comment festoyer écolo

Pollution, réchauffement climatique, accumulation des déchets... Des préoccupations familières mais peu compatibles avec la frénésie de consommation, de cadeaux et de lumières des fêtes de fin d'année. Nos conseils pour un Noël plus vert.

Fêter Noël de façon écolo ? Quand l'idée a germé à Que Choisir, l'accueil a été mitigé. Se préoccuper d'impact sur l'environnement, d'émissions de gaz à effet de serre ou de biodiversité alors qu'on pense aux cadeaux, aux décorations et aux préparatifs du réveillon n'emballait guère. La mise au point s'impose, il ne s'agit pas de jeûner ou de priver les enfants de jouets, mais de festoyer en tentant de limiter son impact sur l'environnement. Car faire bombance sans y prendre garde peut entraîner une explosion des émissions de carbone et transformer la fin d'année en horreur climatique. L'éviter, d'ailleurs, ne va pas de soi. Faut-il choisir de réduire sa contribution au changement climatique en achetant local ou favoriser le développement de communautés paysannes des pays du Sud en achetant de l'équitable bio venu de loin ? Peut-on fêter Noël sans débauche d'illuminations et profusion de mets ? Pas forcément, mais on peut privilégier les choix les plus compatibles avec la protection de l'environnement.

Les déplacements

Pendant les fêtes, ont calculé les experts de l'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie), le trafic automobile peut croître de 50 % en ville et dans les zones commerciales par rapport à la moyenne annuelle. C'est autant de polluants nocifs pour la santé, de particules fines, de  dioxyde d’azote et de gaz à effet de serre en plus. Dès qu'une alternative existe, laisser son véhicule au garage est un bon réflexe. Car, face au bus, au tramway ou au train, l'auto est toujours la plus mauvaise solution. En ville, le tramway, c'est quinze fois moins d'énergie consommée que la voiture, le bus cinq fois moins de CO2 émis. Un trajet Paris-Nice en voiture, c'est 178 kg de CO2 (89 s'il y a un passager), 97 kg en avion mais seulement 2 kg de CO2 en TGV. Prenez les transports en commun ou faites voiture commune si c'est possible. Sinon, conduisez en souplesse, sans accélérations brutales, à vitesse modérée. L'éco-conduite réduit la consommation et les émissions.

Le menu

Inutile de sacrifier le menu du réveillon, de grands classiques sont « écolo-compatibles ». Les huîtres, c'est parfait ; la dinde, très convenable. Et en essayant d'appliquer les conseils suivants, au moins en partie, il est possible de limiter son impact sur l'environnement et le réchauffement climatique.

Achetez bio

C'est mieux pour l'environnement et préférable pour la santé, le bio n'utilise ni engrais de synthèse, ni pesticides, ni OGM. Le surcoût peut être limité par l'achat des strictes quantités nécessaires.

Préférez le « local » aux aliments voyageurs

Un fruit exotique importé par avion « consomme » dix à vingt fois plus d'énergie qu'un fruit de saison local. Le raisonnement vaut également pour l'agneau néo-zélandais, le foie gras des pays de l'Est, le vin d'outre-Atlantique... Heureusement, le champagne est hexagonal. À noter : les produits venus d'ailleurs ont beaucoup moins d'impact sur l'environnement s'ils voyagent par bateau et non par avion. C'est en général le cas de l'équitable.

Consommez des produits de saison

Un fruit ou un légume produit hors saison dans nos contrées sort d'une serre chauffée, donc gourmande en énergie.

Privilégiez le frais plutôt que le congelé

Maintenir des aliments à - 18 °C demande beaucoup d'énergie et nécessite des fluides réfrigérants qui se révèlent de puissants gaz à effet de serre.

Modérez votre consommation de viande rouge

À poids égal, la production de volailles émet dix fois moins de gaz à effet de serre que celle de bœuf. Viande ou volaille, achetez bio ou élevé en plein air.

Choisissez des poissons qui ne sont pas menacés d'extinction

Le WWF a établi une liste pour une pêche durable. Bar de ligne (mais pas de chalut), huîtres et moules françaises, saumon du Pacifique nord peuvent être consommés sans réserve, langoustines, homard, lotte et coquilles Saint-Jacques aussi (avec modération). Le menu du réveillon est sauvé !

Oubliez les bouteilles d'eau

L'eau du robinet servie dans une jolie carafe fera d'ailleurs meilleur effet sur la table du réveillon. Son éventuel goût de chlore disparaît après un bref séjour au réfrigérateur.

Enfin, faites vos courses à proximité, pensez aux marchés

Faire des kilomètres en voiture dégrade toujours le bilan environnemental des produits.

Courses et arts de la table

Qu'il s'agisse des courses ou de la table de réveillon, tout ce qui est jetable doit être hors jeu. On fait les courses avec un cabas ou un sac réutilisable. Les sacs plastique sont une plaie pour les paysages mais aussi pour la faune, en particulier quand ils partent à la mer. Les dauphins, les phoques ou encore les tortues les confondent avec leur nourriture et meurent étouffés.

Pour la table, le b.a-ba environnemental impose d'éviter la vaisselle jetable, les nappes et les serviettes en papier. La nappe et les serviettes sont en tissu, les flûtes à champagne et les couverts en plastique sont bannis, les assiettes en carton aussi. Au besoin, la famille ou les amis apportent le complément de vaisselle nécessaire.

Les décorations

Difficile de concevoir Noël sans illuminations. Cette débauche de lumières est pourtant peu compatible avec une conscience environnementale. D'après les calculs de l'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie), les illuminations de Noël exigent une puissance de 1 300 MW, soit un réacteur nucléaire ! De plus, à cette période de l'année où la demande est forte, il faut recourir aux centrales fioul et charbon, qui émettent beaucoup de gaz à effet de serre. Pas fameux pour le climat. Aux trois quarts, les ménages en sont responsables. En moyenne, la guirlande électrique du sapin équivaut à trois semaines d'éclairage trois heures par jour. Celle du jardin avec un motif lumineux à quatre heures par jour d'éclairage durant trois semaines. Idem pour la guirlande de dix mètres installée sur le balcon. Mais les communes ne sont pas en reste. Pour certaines, ce poste représente 10 % de la consommation annuelle d'électricité liée à l'éclairage public. Pour celles qui illuminent en recherchant la sobriété énergétique, c'est moins de 1 %. Il est donc possible de réduire ces consommations effrénées d'électricité. Optez pour des guirlandes fonctionnant avec des LED, la consommation est divisée par dix. Si vous réutilisez les anciennes guirlandes, faites comme Strasbourg qui a supprimé une ampoule sur trois de ses illuminations. Mieux, préférez les guirlandes non lumineuses et les motifs réfléchissants.

Le sapin

Symbole du Noël familial, le sapin peut difficilement passer à la trappe au nom de l'écologie. Reste à le choisir. L'artificiel dure, il se réutilise d'une année à l'autre, mais il est en plastique, donc issu de la pétrochimie. Et puisqu'il vient en général de Chine, son transport émet des gaz à effet de serre. Le sapin naturel a absorbé du gaz carbonique durant sa croissance et on ne peut pas l'accuser de contribuer à la déforestation puisqu'il est cultivé. Mais la plupart des producteurs emploient engrais, herbicides, insecticides, fongicides et même régulateurs de croissance chimiques. Pas terrible pour l'environnement. Alors, sapin artificiel ou naturel ? Un bureau d'expertise environnementale du Québec, Ellipsos, a effectué une analyse de cycle de vie pour comparer leur impact sur l'environnement. Verdict, pour une utilisation sur six ans du sapin artificiel, c'est le naturel qui l'emporte. L'idéal est donc de conserver son sapin artificiel pendant de longues années (20 ans) ou d'acheter son sapin naturel à proximité (5 km dans l'étude), son bilan positif se dégradant avec le nombre de kilomètres parcourus.

Comment le choisir ?

Doux et touffu, le Nordmann ne perd pas ses aiguilles, mais il n'a pas d'odeur. Piquant, l'épicéa a l'odeur typique du sapin mais il perd ses aiguilles. Affaire de goût, donc. En revanche, il faut s'informer sur la provenance. La France vend environ cinq millions de sapins, mais en produit quatre. Le reste est importé, il s'agit surtout de Nordmann venus du Danemark. Mieux vaut acheter un sapin cultivé plus près. C'est parfois précisé sur l'étiquette, sinon questionnez les vendeurs. Si vous avez un jardin, vous pouvez opter pour un sapin avec racines que vous replanterez ou laisserez dehors dans son pot pour le réutiliser au prochain Noël. Vérifiez que les racines n'ont pas été sectionnées, surtout s'il est vendu en motte. Le sapin fixé sur support ne doit pas être jeté avec les ordures ménagères. Le mettre en décharge ou l'incinérer est absurde, il faut le convertir en copeaux pour le paillage. C'est difficile quand on n'a pas de broyeur, déposez-le aux points de collecte ou portez-le au conteneur déchets verts de la déchetterie. Si vous vous chauffez au bois, attendez qu'il soit sec avant de le transformer en combustible. Enfin, si votre hypermarché ou votre jardinerie débute la vente en novembre, n'achetez pas, le sapin a été enduit de fixateur pour éviter la chute des aiguilles.

Le papier cadeau

Tout brille à Noël, le papier cadeau aussi. L'ennui, c'est que les feuilles métallisées ou plastifiées, les paillettes et les emballages en plastique ne se recyclent pas. Deux solutions : ou empaqueter les cadeaux dans du papier cadeau recyclé, moins chatoyant mais plus écologique, ou réutiliser le papier ou le sac luxueux de Noël en Noël, ce qui suppose que les paquets soient ouverts avec soin... Pas très réaliste quand les enfants piaffent d'impatience.

Les jouets

On a beau en rêver, il est peu probable que le jouet en bois certifié FSC (Forest Stewardship Council) et produit dans un pays respectueux des conditions de travail figure sur la liste du Père Noël ! Jeux électroniques, héros des films et séries télé, robots, jouets en plastique venus de Chine tiennent le haut du pavé. Difficile de passer à travers et d'éviter le « made in China » puisque 85 % des jouets vendus en Europe y sont fabriqués. Souvent dans des conditions indécentes. En 2011, Que Choisir Argent avait enquêté auprès d'usines chinoises. Entre l’utilisation sans protection de produits chimiques extrêmement nocifs, l’embauche de mineurs, des journées de travail de plus de quatorze heures et des salaires misérables, le bilan était tout simplement honteux. Dans tous les cas, préférez le jouet de qualité, bien conçu et adapté à son âge, que l'enfant va utiliser plutôt que le gadget très sophistiqué qui va rapidement finir au fond du coffre à jouets.

Les cadeaux

Aïe ! Le hit-parade des cadeaux de Noël est tout sauf environnemental. Consoles et jeux vidéo, ordinateurs portables, TV, tablettes tactiles, smartphones... le high-tech est très tendance mais pas écolo du tout. Niveau consommation électrique, on peut limiter les dégâts en vérifiant que l'appareil possède un interrupteur qui permet de l'éteindre. Nos tests prouvent en effet que les consommations des appareils qui restent en veille 24 h sur 24 sont élevées. En matière de téléviseurs, plus l’écran est grand plus il consomme.

Si vous tenez au clin d’œil environnemental tout en restant dans l'utile, il existe des appareils (calculatrice solaire, poste radio, lampe torche, chargeur…) alimentés par un mini-panneau solaire et une dynamo. En cas d'absence de soleil, on tourne la manivelle et ça marche. Déconseillé aux impatients, mais écolo en diable !

Le meilleur cadeau du point de vue de son impact sur l'environnement est dématérialisé. Le choix est vaste, il peut convenir à toutes les générations. Places de théâtre, de concert, abonnement à une revue, un service en ligne, une activité sportive, bons pour des cours de cuisine, de danse, de langue étrangère, des séances d'œnologie, un dîner au restaurant...

Autres possibilités, les chèques cadeaux qui garantissent l'achat utile ou tout au moins souhaité, le panier gastronomique bio ou équitable, qui joint l'utile à l'agréable.

À fuir, en revanche, le cadeau voyage qui impose un trajet en avion. En effet, c'est le moyen de transport le plus incompatible avec la lutte contre le réchauffement climatique.

Cartes et invitations

Cartes de vœux et invitations doivent bien sûr être soignées, faut-il pour autant les choisir sur papier glacé ? Préférez les cartes virtuelles envoyées par Internet ou optez pour les cartes en papier recyclé imprimées avec des encres végétales. Si elles sont proposées par des associations humanitaires, c'est encore mieux.

Après la fête

Une fois la fête finie, il faut se débarrasser des emballages, des bouteilles vides, des cadeaux sans intérêt... Surtout ne jetez pas, échangez, donnez, recyclez, vendez, la deuxième vie vaut toujours mieux que le déchet.

Les déchets

Faites le tri, il ne doit pas rester grand-chose dans la poubelle ordures ménagères.

Bouteilles en verre : elles doivent être recyclées, tout comme les pots d'emballage en verre (confitures, mayonnaise, légumes...). Portez-les au conteneur.

Cartons et papiers d'emballage (sauf s'ils sont pailletés, métallisés, plastifiés), canettes en aluminium et boîtes de conserve se recyclent. Mettez-les dans la poubelle sélective.

Plastiques : seuls les bouteilles et les flacons se recyclent. Donc, évitez au maximum d'acheter des produits sous emballage plastique.

Déchets alimentaires : si vous avez un jardin, pensez à en faire du compost.

Les cadeaux

Tentez l'échange en magasin si le vêtement est intact ou l'objet dans son emballage d'origine. Les vendeurs sont parfois compréhensifs quand l'article vient de leur enseigne.

Ce qui ne vous plaît pas peut convenir à d'autres, proposez vos cadeaux sur les sites Internet de vente ou d'échange entre particuliers, des objets neufs peuvent trouver preneur. C'est quasi certain s'il s'agit de high-tech, plus aléatoire pour un bibelot.

Vous pouvez aussi donner vêtements, objets et jouets neufs à l'antenne la plus proche d'une association caritative. Elles organisent des vestiaires, des distributions de jouets ou des ventes à petits prix en magasin solidaire. N'en profitez pas pour refourguer d'office tout ce qui vous encombre, demandez d'abord si les objets d'occasion ou à réparer intéressent.

Élisabeth Chesnais

Élisabeth Chesnais

Lire aussi

Soutenez-nous, rejoignez-nous

La force d'une association tient à ses adhérents ! Aujourd'hui plus que jamais, nous comptons sur votre soutien. Nous soutenir

image nous soutenir

Newsletter

Recevez gratuitement notre newsletter hebdomadaire ! Actus, tests, enquêtes réalisés par des experts. En savoir plus

image newsletter