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Roundup

Le glyphosate en suspens

La décision européenne de renouveler ou non l’autorisation du glyphosate, la matière active du célèbre désherbant Roundup, devait tomber hier 19 mai. Mais faute de majorité, la Commission européenne a une nouvelle fois reporté sa décision. La guerre des lobbies fait rage. 

En bonne logique économique et industrielle, la réautorisation du glyphosate aurait dû relever de la simple formalité au niveau européen. Mais c’était sans compter l’avis du Circ, le Centre international de recherche sur le cancer, paru en mars 2015. En classant le glyphosate dans la catégorie « cancérogène probable pour l’homme », il a fait l’effet d’une bombe. On savait déjà le glyphosate « dangereux pour l’environnement » et « toxique pour les organismes aquatiques », mais son passage en « cancérogène probable pour l’homme » sans passer par la case « cancérogène possible » moins alarmiste, ce fut vraiment la douche froide.

Depuis, au nom de l’Union européenne, l’Autorité européenne de sécurité des aliments, l’Efsa, a néanmoins pris la défense du désherbant. Au terme de son évaluation, elle juge « improbable que le glyphosate présente un danger cancérogène pour l’homme ». Fort à propos, le JMPR (Joint Meeting on Pesticide Residues), un organisme qui dépend de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) au même titre que le Circ, vient d’arriver à une conclusion tout à fait similaire, jugeant « peu probable » que le glyphosate soit cancérogène.

Il n’y a en réalité rien d’étonnant à ces conclusions contradictoires. Le Circ n’évalue que les études publiées, tandis que l’Efsa comme le JMPR basent leur évaluation sur les études menées par les industriels du glyphosate, la fameuse « Glyphosate Task Force », et évidemment non publiées !

Du coup, les débats ont fait rage à Bruxelles. La France et d’autres pays membres (Allemagne, Italie, Suède, Autriche, Portugal) ont décidé de voter contre la réautorisation du glyphosate ou de s’abstenir. La Commission a préféré retirer sa proposition plutôt qu’essuyer un vote négatif.

Mais l’heure de vérité approche. Faute de réautorisation d’ici là, le Roundup (Monsanto) et tous ses concurrents herbicides à base de glyphosate seront interdits de commercialisation en Europe à compter du 30 juin prochain. Nous saurons donc très bientôt si l’Europe s’intéresse plus à la santé de ses concitoyens qu’aux intérêts de l’agro-industrie.

Élisabeth Chesnais

Élisabeth Chesnais

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