Élisabeth Chesnais
Gaz et électricitéComment réagir à la hausse des tarifs de l’énergie
Alors que le prix du gaz n’en finit pas de battre des records, l’électricité est appelée à augmenter en février prochain. L’hiver s’annonce onéreux pour tous les ménages, car le fioul suit la même tendance. Que faire ?
La flambée tarifaire la plus spectaculaire concerne le gaz. Après avoir chuté à un niveau historiquement bas, à 4,58 centimes le kilowattheure pour un logement chauffé au gaz en zone 2 en pleine pandémie de Covid, lorsque l’économie mondiale était terrassée par le virus, il culmine aujourd’hui à des niveaux record, encore jamais atteints.
Les raisons d’un tel emballement sont elles aussi en partie liées à l’épidémie. Elles tiennent au fort rebond économique, qui se produit partout en même temps, et qui fait mécaniquement monter la demande mondiale de gaz, donc ses prix de gros. L’Europe a de plus des stocks très bas du fait de la rigueur de l’hiver dernier, qu’elle est en train de reconstituer. De plus, ailleurs qu’en France, la production d’électricité se fait de plus en plus à base de gaz en Europe, au détriment du charbon très polluant. Enfin, nos principaux fournisseurs, la Norvège et la Russie, ont réduit leurs exportations pour des raisons différentes.
Si bien que depuis juillet dernier, les prix du tarif réglementé et des offres indexées ne cessent d’augmenter, dépassant de loin les plafonds atteints par le passé. Le kilowattheure gaz atteint en effet 8,80 centimes pour un logement chauffé au gaz en zone 2 en ce mois d’octobre, et si le gouvernement n’avait pas bloqué son montant à ce niveau pour l’hiver, on aurait subi une nouvelle hausse de + 30 % d’ici la fin de l’année.
Pour l’électricité, la douloureuse arrivera en février et, là encore, la hausse de 12 % prévue sera limitée à 4 % en raison du « bouclier tarifaire » instauré par le gouvernement. Quant au chèque énergie, il est automatiquement bonifié de 100 €.
Malgré ces dispositifs, la facture hivernale de chauffage va augmenter. Pour limiter sa hausse, tous les petits gestes comptent, du couvercle posé sur la casserole pour diviser la consommation d’électricité de la cuisson par 4 à la plaque réfléchissante posée entre le radiateur et le mur extérieur s’il est froid pour envoyer toute la chaleur dans la pièce. De même, limiter la température de l’eau chaude à 55 °C est suffisant, inutile de surconsommer en montant à 65 °C. Surtout, chauffer son logement à 19 °C dans la journée et baisser la température à 17 °C la nuit fait faire de belles économies.
Faut-il changer d’offre gaz ou électricité ?
– Quelle que soit l’énergie, si vous êtes déjà en offre à prix fixe, restez-y si elle n’est pas surfacturée. Vérifiez-le en utilisant notre comparateur.
– Ne prenez surtout pas une offre à prix fixe en gaz en ce moment, c’est au cœur de la pandémie qu’il fallait le faire. Les niveaux sont tellement élevés qu’ils vont finir par redescendre, probablement avant l’été 2022. Vous n’en bénéficierez pas si vous êtes en prix fixe, à moins de surveiller chaque mois l’évolution du prix du gaz pour changer de fournisseur au bon moment.
– Dans l’attente d’une situation plus stable sur le marché de gros, l’offre classique Tarif électricité de Total Énergies à -5 % sur le prix du kilowattheure hors taxes, en prix indexé sur le tarif réglementé, est ce mois-ci la plus intéressante concernant l’électricité.
Vous aviez souscrit une offre dans le cadre de l’opération « Énergie moins chère ensemble » en 2019 et le fournisseur Ekwateur vous propose une nouvelle offre. Faut-il l’accepter ?
Compte tenu des prix obtenus en 2019, profitez de votre offre « Énergie moins chère ensemble » et de ses prix ultra compétitifs jusqu’au dernier moment, que ce soit pour le gaz ou l’électricité. Pour certains, elle court jusqu’à début 2022.
Quant aux nouvelles offres d’Ekwateur, que certains consommateurs nous ont transmises, même si elles respectent le cahier des charges de la campagne « Énergie moins chère ensemble », à savoir ne pas être moins avantageuses que leur meilleure offre de marché, la hausse de tarifs est particulièrement importante et douloureuse.
En électricité, pour un prix fixe du kilowattheure sur 1 an, le kilowattheure heures pleines est facturé 22,88 centimes, et 18,40 centimes en heures creuses, alors qu’au tarif réglementé d’EDF, il est respectivement à 18,16 et 13,55 centimes. Ekwateur est à + 26 % en heures pleines et à + 36 % en heures creuses ! Revenir au tarif réglementé d’EDF sera beaucoup plus économique !
Concernant le gaz, il est à 373 € d’abonnement ou parfois beaucoup plus, au lieu de 249 €, et le kilowattheure est proposé à 9,74 centimes, soit un prix encore plus excessif qu’en tarif réglementé, y compris en zone tarifaire 6, la plus chère. Pire, il va rester à ce niveau pendant 1 an.
Il faut donc comparer avec les offres de marché qui peuvent être plus intéressantes financièrement, voire, pour l’électricité, revenir au tarif réglementé. Pour le gaz, le retour au tarif réglementé n’est plus possible compte tenu de son extinction en juillet 2023, la meilleure solution est alors d’opter pour une offre en prix indexé sur le tarif réglementé, en attendant la baisse sur le marché de gros.