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Location de console de jeux

À quoi joue Micromania ?

L’enseigne de jeux vidéo Micromania-Zing a lancé une offre de location longue durée de consoles de jeux. Le tarif, la durée d’engagement, les faibles garanties et les clauses abusives du contrat en font probablement la plus mauvaise façon de profiter d’une PS5 ou d’une Switch.

« Pire que le crédit revolving », des « offres ruineuses » qui « constituent une grave menace à l’intérêt des consommateurs »… En janvier 2020, l’UFC-Que Choisir sonnait la charge contre le principe de la location longue durée d’électroménager, qui permet aux consommateurs d’utiliser un bien sans avoir la possibilité d’en devenir propriétaire à l’issue du contrat. L’étude se penchait sur des offres concernant des micro-ondes, réfrigérateurs, téléviseurs ou ordinateurs. Les consoles de jeux vidéo viennent de rejoindre la partie.

Les consoles reviennent plus cher qu’à l’achat… et doivent être rendues !

Le 7 juin, l’enseigne Micromania-Zing a annoncé le lancement d’un service de location longue durée de console Sony Playstation 5 (PS5) ou de Nintendo Switch. Moyennant un loyer de 17,49 €, 19,99 € ou 24,99 € pendant 18 à 36 mois, il est possible de repartir avec une console sous le bras et divers prétendus avantages en fonction du forfait choisi. « Équipez-vous de la console de votre choix à petit prix », claironne l’enseigne. À petit prix, vraiment ? Un rapide calcul montre que le coût de la location sur la durée de l’engagement atteint, voire dépasse, le prix de la console :

  •  489,75 € (69,99 € de versement initial + 24 x 17,49 €) pour une Playstation 5 dont le prix public conseillé est de 499,99 € ;
  • 359,81 € (44,99 € + 18 x 17,49 €) pour une Switch vendue 329 €.

Et nous ne parlons ici que des forfaits les moins onéreux.

À la fin de l’engagement, le joueur aura donc payé le prix total d’une machine… qu’il devra rendre à l’enseigne. C’est en effet le principe de la location longue durée. Contrairement aux téléphones mobiles subventionnés proposés par les opérateurs de téléphonie en cas de souscription d’un forfait avec engagement, qui deviennent la propriété de l’acheteur, le client de Micromania devra au terme des 2 ans d’engagement continuer à payer son loyer, ou rendre la console. L’enseigne ne prévoit pas de mécanisme permettant de l’acheter à petit prix, comme c’est le cas par exemple avec la location longue durée de voiture.

Les forfaits location de Micromania-Zing pour la Nintendo Switch.

Ne pas rendre la console à la fin de l’abonnement, ou la rendre endommagée, entraîne des pénalités pouvant aller jusqu’à 205,19 €. Il est à craindre que certains clients, habitués aux offres des opérateurs mobiles, ne saisissent pas la différence avec une location et découvrent au terme de leur engagement qu’ils auront payé dans le vide.

Le choix de Micromania-Zing de se lancer dans la location longue durée est d’autant plus absurde que le site propose déjà la possibilité de payer en 3, 4, 5, 10 ou 20 fois ! Certes, cette facilité de paiement n’est pas gratuite (le montant total dû pour une PS5 à 499,99 € payée en 20 fois est de 568,47 €, soit un TAEG à 16,49 %) mais au moins, à la fin des mensualités, le client garde la console.

Il existe aussi une autre méthode de financement, proposée par Microsoft pour ses consoles Xbox Series : le All-Access. Pour 24,99 € ou 32,99 € par mois pendant 24 mois, le joueur devient propriétaire d’une Xbox Series S ou X et bénéficie d’un accès au Game Pass Ultimate, une plateforme permettant de jouer sur abonnement à des centaines de jeux. La présence de cette offre, plutôt intéressante, sur le site de Micromania explique peut-être pourquoi les Xbox Series ne sont pas encore concernées par la location longue durée.

Des conditions générales de vente abusives

Au-delà de l’absence de gain financier pour le consommateur, une plongée dans les conditions générales de vente de cette location révèle de mauvaises surprises.

Les nombreuses exclusions aux garanties « panne » et « casse » proposées par les forfaits les plus onéreux les vident de leur substance (on observe d’ailleurs que « la panne » du produit est exclue de la garantie « panne » : espérons qu’il s’agit d’un copier/coller malencontreux lors de la rédaction du document…). Cette garantie « panne » n’a d’ailleurs, à la base, qu’un intérêt marketing : en effet, dans toute location, le loueur doit garantir le produit dans les pannes ! Rappelons également que les personnes qui achètent leur console normalement bénéficient, elles, de la garantie légale de conformité pendant 2 ans. Elle permet d’obtenir gratuitement la réparation ou le remplacement d’un produit défectueux.

Les clauses relatives à la résiliation pourraient, elles, être considérées comme abusives. L’indemnité de résiliation est en effet présentée comme étant égale à « LTC * 0,5 * DA ÷ DC - 4 », où LTC est la somme totale des loyers pour la durée du contrat, DA est la durée en mois à échoir entre la date de résiliation et la date de l’échéance contractuelle, et DC est la durée contractuelle en mois. Pour rappel, une clause incompréhensible est… une clause abusive.

Autre abus : la mise en place d’une pénalité (pour le plaisir, on vous l’indique : « (LTC * 0,375 * DA)/(DC-4) ») en cas de résiliation du contrat à la suite d’une perte d’emploi. Une bonne raison de rage quit (quitter, de colère, une partie en cours), comme disent les joueurs.

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