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Microplastiques dans les boissonsLes bouteilles en verre plus contaminées que les autres contenants

EC

par Elsa Casalegno

Les fragments de plastique sont plus nombreux dans des bouteilles en verre que dans des canettes, briques ou même des bouteilles en plastique. C’est le résultat, contre-intuitif, d’une étude de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation (Anses). Les coupables : probablement les peintures des capsules métalliques.

« Eau, soda, thé glacé, vin ou bière : l’objectif était de connaître le niveau de contamination de ces boissons par les microplastiques et l’impact de leur contenant sur ce niveau », explique l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation (Anses), à l’origine de ce travail. Pour cela, les scientifiques ont répertorié les fragments de ce matériau dans divers breuvages.

Surprise : leur quantité s’est avérée nettement plus élevée dans les bouteilles en verre que dans les autres contenants. Ainsi, les colas, limonades, thés glacés ou bières comptaient en moyenne près d’une centaine de particules de plastique par litre, soit 5 à 50 fois plus que dans les bouteilles en plastique ou les canettes. Les chercheurs le reconnaissent eux-mêmes, ils s’attendaient « à un résultat inverse », souligne Iseline Chaïb, doctorante dans l’unité Sécurité sanitaire des aliments d’origine aquatique de l’Anses, à Boulogne-sur-Mer.

Ces fragments sont majoritairement du polyester, suivi de polyléfines (comme le polyéthylène ou le polypropylène). Le premier est très présent dans les thés (avec 26 particules par litre), limonades (28 particules), colas (33 particules) et bières (96 particules) embouteillés dans du verre, et les seconds dans les thés de contenants en verre (25 particules). Ces deux familles de substances ont également été détectées dans les canettes, les briques ou les cubitainers, en quantité moindre (jusqu’à 6 particules). Parmi les autres plastiques repérés, figurent par exemple du polystyrène dans des bouteilles de limonade (5 particules), du polyamide dans diverses boissons contenues dans du verre ou des canettes, etc. À noter que la nature de nombreux autres fragments n’a pas pu être identifiée.

L’eau et le vin moins contaminés

Deux exceptions : l’eau et le vin. Dans l’eau, « la quantité de microplastiques est relativement faible quel que soit son contenant, avec en moyenne 4,5 particules par litre dans les bouteilles en verre et 1,6 particule dans les bouteilles en plastique ou les briques », explique l’Anses. Au passage, on constate que les eaux minérales en contiennent davantage que les eaux de source (3,7 fragments par litre en moyenne, contre 1,6)… Les eaux pétillantes semblent un peu plus polluées que les eaux plates. Le vin s’avère également peu contaminé, qu’il soit embouteillé dans du verre ou dans d’autres contenants (brique, cubitainer ou bouteille plastique).

Des frottements sur les capsules

Comment expliquer cette différence ? Très vite, les soupçons se sont portés sur les capsules métalliques, mais surtout, sur la peinture qui les recouvre. Les fragments retrouvés dans les boissons étaient de la même nature (en polyester). Les chercheurs supposent que cette peinture se détache à la suite des frottements des capsules les unes contre les autres, lors de leur stockage avant utilisation. En revanche, ils n’expliquent pas les différences notables de concentrations en particules selon les boissons – l’eau étant relativement peu contaminée, à l’inverse des thés, des limonades, des colas et surtout des bières. Est-ce dû à la nature des capsules, de leurs peintures, au process industriel ? « Cette piste reste à investiguer », conclut Guillaume Duflos, de l’Anses.

Bonne nouvelle, il existe des remèdes simples pour limiter les dégâts : souffler de l’air sur les capsules puis les rincer avant de sceller les bouteilles diminue notablement la quantité de microplastiques (jusqu’à trois fois moins). Il serait aussi possible de changer la nature de la peinture, voire du bouchon lui-même. La solution est entre les mains des industriels.

Pour autant, des microplastiques de diverses natures sont également présents, quoiqu’en quantité moindre, dans les autres boissons. Leur origine reste à explorer. Car ces polluants sont potentiellement dangereux pour la santé et l’environnement (lire l’encadré).

Les impacts sur la santé

Les conséquences, sur la santé, d’une ingestion de microplastiques sont de deux ordres :

  • les fragments eux-mêmes peuvent provoquer des mécanismes inflammatoires. Or, on en retrouve désormais dans tous les organes, et jusque dans le fœtus ;
  • parmi les très nombreux additifs contenus dans les plastiques, certains sont potentiellement cancérogènes, reprotoxiques, mutagènes ou perturbateurs endocriniens.

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