Yves Martin
Premières impressions
Avec sa nouvelle 308, Peugeot progresse nettement en qualité, en confort de conduite et en finition. Par contre, la voiture, conçue pour séduire le plus grand nombre, perd en originalité.
Alors qu’en 2007 la 308 remplaçait la 307, aujourd’hui, la 308 remplace… la 308. Qu’une nouvelle génération de voiture conserve le même nom, c’est une première pour Peugeot. Et c’est d’autant plus marquant que cette nouvelle 308 n’a rien à voir avec la précédente version. Elle utilise en effet la nouvelle plate-forme du groupe, inaugurée sur le nouveau Citroën C4 Picasso et que l’on retrouvera aussi dans quelques mois sur le nouvel Opel Zafira (1), ainsi que des nouveaux trains roulants. L’intérieur est également totalement revu et la carrosserie change du tout au tout. Et, même si c’est une histoire de goût, la nouvelle ligne ne nous a pas vraiment séduits. Malgré des feux arrière originaux, la voiture manque, à notre goût, de personnalité.
Qualité de vie à bord
En prenant place à bord de la nouvelle 308, nous avons été agréablement surpris par le niveau de qualité de fabrication : tous les éléments sont très bien assemblés, très agréables au toucher et l’ergonomie d’un très bon niveau. En effet, contrairement à certains modèles récents où la prolifération des boutons est incompatible avec une bonne prise en main (comme sur le dernier Ford Kuga dont les commandes de la radio sont mal placées), Peugeot a fait place nette. Du moins, à partir du deuxième niveau de finition. Toutes les commandes sont alors centralisées sur un écran central de 9,7 pouces et deviennent tactiles. Ne subsistent sur la console centrale que la gestion du volume audio, la place pour insérer un CD et les boutons de commande des feux de détresse et de dégivrage.
Reste toutefois un progrès à faire avec la position de la manette du régulateur de vitesse qui est complètement cachée par le volant. À moins d’être déjà familiarisé avec cette configuration, cette commande « aveugle » n’est pas très intuitive.
Lorsqu’on démarre, une autre surprise attend le conducteur : le compte-tours qui fonctionne à l’envers. Au lieu que l’aiguille se déplace dans le sens horaire, elle part sur la gauche au fur et à mesure que le moteur monte dans les tours. Peugeot justifie cette originalité afin de « centrer la vision du conducteur droit devant lui ». Si cette configuration demande une certaine habitude (on a parfois l’impression d’avoir calé en voyant l’aiguille se déplacer sur la gauche), on finit par s’y faire.
Pour le premier niveau de finition (Access), on retrouve une ambiance plus habituelle avec des commandes plus nombreuses sur la planche de bord mais qui restent toutefois assez faciles à prendre en main.
Si la qualité de l’intérieur progresse de façon indéniable sur toute la gamme, nous avons regretté que l’habitacle soit aussi sombre. Tous les éléments sont noirs et rendent l’intérieur tristounet. Certes, cela risque fort de plaire à la clientèle germanique (nous constations la même tendance sur la dernière Mercedes Classe A) mais c’est peut-être moins du goût des acheteurs français. Peugeot propose toutefois une option d’intérieur bicolore qui améliore l’ambiance.
Le volant, de petit diamètre, pose également problème pour la lisibilité des compteurs. En effet, comme nous le constations déjà sur la 208, il faudra prendre le temps de bien régler son siège et le volant pour trouver une position de conduite qui permet de lire sans difficulté la totalité du combiné d’instruments. Ce petit volant procure toutefois une bonne sensation de conduite et rend la 308 agréable à manœuvrer. Dommage que la visibilité vers l’arrière soit moyenne.
Côté confort, les sièges remplissent bien leur rôle et le maintien en latéral est assez bon. Les multiples réglages disponibles permettront de trouver une bonne position, peu fatigante pour rouler. Et, ceux qui opteront pour les sièges massants ne le regretteront pas : un plus agréable pour passer de longues heures en voiture. Les passagers arrière seront un peu moins bien lotis s’ils mesurent plus de 1,75 m car la garde au toit au niveau des places latérales est un peu juste.
Au volant
Nous avons conduit la nouvelle 308 avec plusieurs moteurs (2). À commencer par celui qui devrait représenter le plus gros des ventes : le 1.6 HDI de 92 ch. Si le moteur ne change pas par rapport à ce que nous connaissons déjà, nous avons apprécié les efforts faits pour son implantation sous le capot. Silencieux, n’émettant pas de vibrations, il est en effet agréable à utiliser. Certes, dès que la zone rouge s’approche, le bruit devient peu agréable, mais cela n’a rien d’anormal. Le moteur est associé à une boîte de vitesses à 5 rapports assez bien étagée et précise. Toutefois, le couple de 230 Nm, disponible à 1 750 tr/min, est un peu juste en ville et demandera des rétrogradages fréquents pour évoluer confortablement. Une boîte à 6 rapports, ou même automatique, aurait été certainement préférable. Pour cette dernière, il faudra attendre un peu car Peugeot ne la proposera que début 2014. Précisons qu’il s’agira d’une boîte automatique traditionnelle à 6 rapports (conçue avec l’équipementier japonais Aisin) de dernière génération qui n’induira qu’une faible surconsommation et l’équivalent de 10 g de CO2/km. Peugeot a par ailleurs annoncé qu’il arrêtait totalement les boîtes de vitesses robotisées (BMP6) sur tous ses modèles.
L’autre moteur disponible est un essence 1.6 THP de 125 ch. Ses performances sont appréciables et d’un bon niveau. Que ce soit sur route, en ville ou sur autoroute, il répond présent à toutes les sollicitations de l’accélérateur. Le fait qu’il soit associé à une boîte à 6 rapports facilite les reprises et augmente l’agrément en ville. Mais, si le constructeur annonce une consommation minimale de 5,6 l/100 km, l’ordinateur de bord aura indiqué moins de 6,3 litres en conduite tranquille.
Sur la route, le comportement de la voiture est très serein, sans surprise. Fidèle à sa réputation, le constructeur de Sochaux a su réaliser des trains roulants dynamiques et performants. Les suspensions savent associer une certaine fermeté avec les irrégularités de la chaussée. Sauf peut-être sur les revêtements très difficiles (route pavée ou en très mauvais état) où elles semblent parfois un peu dépassées, infligeant des secousses désagréables aux occupants.
Les bruits aérodynamiques et de roulement sont également bien traités. Pour ce faire, Peugeot a travaillé en étroite collaboration avec Michelin et Goodyear pour développer des pneus à ultra basse résistance au roulement, parfaitement adaptés au châssis de la voiture. Si cela a porté ses fruits pour un essai avec des voitures neuves, nous pouvons toutefois nous interroger sur le comportement routier de la voiture lorsque les pneus devront être changés. En effet, quid de la tenue de route si le propriétaire décide de monter par la suite des Bridgestone ou des Continental ? Et, d’autre part, les pneus Michelin ou Goodyear proposés sur le marché de la rechange offriront-ils les mêmes performances ?
Sécurité
La nouvelle Peugeot 308 embarque moult technologies destinées à améliorer le confort et la sécurité. À commencer par les projecteurs à LED qui offrent une excellente visibilité de nuit. Chaque projecteur avant est composé de 31 LED (10 pour les feux de croisement, 8 pour les feux de route et 13 pour la signature lumineuse). Elle reçoit le limiteur/régulateur de vitesse actif qui gère la distance avec le véhicule qui le précède ; l’alerte de risque de collision (un radar détecte un véhicule trop proche et envoie une alerte visuelle et sonore au conducteur) ; le freinage automatique d’urgence qui, en cas de collision imminente applique un freinage automatique (à partir de 20 km/h) ; et enfin la surveillance d’angle mort, disponible sur les niveaux de finition supérieurs. La nouvelle Peugeot 308 peut aussi recevoir une offre de services connectés basés sur la technologie de l’Internet mobile, les Peugeot Connect Apps (Coyote, Michelin Traffic, Pages Jaunes…). Elle embarque, de série ou en option, un frein de stationnement électrique de nouvelle génération actionné par des étriers de freins motorisés, une caméra de recul couleur et l’accès et le démarrage avec une clé mains libres. Enfin, le système Park Assist (aide active au stationnement) sera disponible au printemps 2014 avec la nouvelle fonction de parking en bataille.
Alors que le segment C, celui des compacts auquel appartient la 308, représente un tiers des ventes de voitures en Europe, Peugeot joue la carte du prix. Proposée à partir de 17 800 € et jusqu’à 28 250 €, la gamme 308 est plutôt bien placée. C’est 1 000 € de moins qu’une Golf 7, 500 € de moins qu’une Citroën C4 et seulement 50 € de moins qu’une Ford Focus. Compte tenu du gain en termes de qualité de fabrication et de comportement routier, la 308 s’affiche donc comme très intéressante. Reste à bien comparer le prix final, en tenant compte des différents équipements (écran tactile, tableau de bord bicolore, caméra de recul…) car la facture peut vite grimper.
La Peugeot 308 en résumé
La nouvelle Peugeot 308 gagne en agilité, en qualité de fabrication et en confort mais perd de sa personnalité. L’habitabilité est généreuse et, en dehors d’une garde au toit limite pour les places latérales arrière, les passagers seront bien lotis. Le confort est accentué par une insonorisation d’un très bon niveau, que ce soit avec des moteurs à essence ou Diesel. Enfin, excepté quelques défauts d’ergonomie (visibilité du bas du combiné d’instruments, commande du régulateur de vitesse, visibilité de trois quarts arrière), la Peugeot 308 nouvelle mouture progresse nettement en matière d’agrément d’utilisation.
Les +
Confort de conduite
Comportement routier
Qualité de fabrication
Ergonomie
Les –
Places arrière
Visibilité de trois quarts arrière
Intérieur sombre
Ligne peu originale
Et si vous achetiez l’ancienne 308 ?
C’est un rituel immuable et encore plus vrai en ces temps difficiles pour le marché automobile : à chaque sortie d’un nouveau modèle, celui qui est en fin de vie est souvent bradé. C’est le cas de l’ancienne Peugeot 308 que le constructeur propose à des tarifs très attractifs en cas de reprise d’un véhicule de plus de huit ans en ajoutant 5 500 € à la valeur argus.
(1) PSA Peugeot Citroën et GM (propriétaire de la marque Opel) ont signé un accord de collaboration début 2012.
(2) Début 2014, Peugeot proposera une toute nouvelle gamme de moteurs répondant à la nouvelle norme Euro VI.