par Ivan Logvenoff
ParfumsDes flacons mythiques remplis d’ingrédients à risque

Toute la parfumerie de luxe ne semble pas avoir pris le virage des formulations propres, et de nombreux flacons contiennent encore des perturbateurs endocriniens, y compris chez les marques les plus chères. Sans compter les allergènes, souvent utilisés en cocktail.
Qu’importe la formulation, pourvu qu’ils se vendent. Pour les hommes comme pour les femmes, toutes les marques promettent un univers glamour et végétal. « L’essence même du style italien, chic et élégant » pour Si d’Armani, ou encore « la danse d’une rose pulpeuse et d’un bois blond lumineux » pour Irrésistible de Givenchy. Autant de slogans qui passent sous silence le fait que ces deux parfums contiennent de l’éthylhexyl méthoxycinnamate (ou octinoxate), une molécule suspectée d’être un perturbateur endocrinien.
Le lobby des cosmétiques, la Fédération des entreprises de la beauté (1), nous apprend que cet ingrédient est un filtre UV utilisé pour « protéger le produit cosmétique des effets des rayons ultraviolets ». L’éthylhexyl méthoxycinnamate se retrouve donc souvent dans les flacons au verre clair ou transparent, afin d’éviter la dégradation de l’aspect du liquide par la lumière. Problème : des études in vivo ont prouvé son activité sur la production d’œstrogènes et la fonction thyroïdienne. Cette activité serait facilitée par la pénétration de la molécule dans le plasma, comme démontré par l’agence sanitaire américaine en 2020. Sans compter que l’éthylhexyl méthoxycinnamate possède également une activité délétère sur les fonds marins et leur biodiversité.
Malgré tous ces arguments scientifiques, l’ingrédient reste omniprésent. En plus des parfums cités plus haut, on le retrouve dans la composition de l’eau de parfum de Chloé, ainsi que dans le Miss Dior Rose N’Roses, tous deux commercialisés à plus de 100 € les 50 ml. Les références de l’ultra-luxe n’en sont pas non plus débarrassées, comme Baccarat rouge 540 de Francis Kurkdjian, Eau de Monsieur d’Annick Goutal, Fleur de peau de Diptyque ou encore Serge Noir de Serge Lutens, tous vendus entre 200 et 300 € dans leur version 75 ou 100 ml. De nombreux flacons du « parfumeur-créateur » autoproclamé Nicolaï, vendus à plus de 200 € les 100 ml, sont également concernés.
Des toxiques de niche
Moins problématique, mais à signaler tout de même, l’eau de Cologne d’Acqua di Parma, fragrance présentée comme « sophistiquée et intemporelle » et vendue à plus de 100 € les 50 ml, contient du BHT, d’après la formulation disponible sur le site du fabricant. Ce remplaçant du controversé BHA est malheureusement lui aussi suspecté d’être un perturbateur endocrinien. La molécule a même fait l’objet d’une saisine des autorités européennes par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), afin que soient réévalués ses effets sur le système hormonal, la reproduction, ainsi que son éventuelle action cancérogène.
Les flacons exempts de perturbateurs endocriniens partagent fréquemment un défaut commun: la présence massive d’allergènes. Comme tous les parfums cités plus hauts, la composition des mythiques Sauvage de Dior, Bleu de Chanel ou Acqua di Gio d’Armani présente au minimum 3 ou 4 allergènes parmi les 26 que l’Union européenne impose de mentionner sur les étiquettes. Reconnaissons cependant que ces marques ménagent une certaine forme de transparence sur leurs ingrédients, à l’inverse de Givenchy, Kenzo et Chloé qui, au moment de la publication de cet article, ne les dévoilent pas sur leur site Internet.
(1) https://www.febea.fr/baseingredient/ethylhexyl-methoxycinnamate
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Ivan Logvenoff