Yves Martin
Premières impressions
Voiture électrique la moins chère du marché, la Dacia Spring parvient néanmoins à offrir un équipement complet et une autonomie intéressante. Mais pour arriver à ce tour de force, le constructeur a rogné sur la qualité de finition de sa nouvelle citadine.
Dacia a toujours défrayé la chronique en proposant des voitures à bas coûts. Ces modèles low cost ont rapidement trouvé leur clientèle et leur qualité de fabrication n’a cessé de s’améliorer, comme le prouve le dernier Dacia Sandero. Mais avec la Spring, fabriquée en Chine, Dacia donne l’impression de régresser avec une qualité perçue en deçà de la concurrence. Un sacrifice à faire pour se payer l’électrique la moins chère du marché. Heureusement, son équipement de sécurité est généreux et ses performances sont tout à fait acceptables.
Qualité de vie à bord
En s’installant à bord de la Spring, on reconnaît tout de suite l’environnement des débuts de la marque Dacia en France et ses matériaux durs qui sonnent creux. Heureusement, leur assemblage, très bien réalisé, empêche l’apparition de vibrations et de grincements. Cela fera oublier l’absence de rembourrage, du moins jusqu’à ce qu’on roule sur une chaussée dégradée qui nous rappellera qu’il participe pour beaucoup à l’insonorisation.
En revanche, l’intérieur de la Spring dispose d’un volume habitable correct. La largeur aux coudes à l’arrière est appréciable (1 256 mm) et deux occupants adultes pourront s’installer sans aucun souci en prenant leurs aises. Mais, si on recule un peu trop les sièges avant, il ne restera pas trop de place aux jambes pour les passagers arrière.
Le volume de coffre de 290 litres (jusqu’à 620 litres lorsque la banquette est rabattue) est généreux et s’avère l’un des plus grands de la catégorie.
Spartiate, l’habitacle est facile à appréhender et l’ergonomie est d’un bon niveau. On regrette quand même que certains boutons soient difficiles d’accès, notamment ceux placés tout en bas de la console centrale. La Spring reçoit de série des équipements modernes comme les quatre vitres électriques, la fermeture centralisée avec commande à distance, le régulateur/limiteur de vitesse, l’allumage automatique des feux, la climatisation et un combiné d’instruments numérique. Et, selon les finitions, elle sera agrémentée d’un système multimédia avec écran de 7 pouces, de la possibilité de connecter son smartphone ainsi que de la caméra de recul.
Au volant
Autant le dire tout de suite, la Dacia Spring ne donne pas envie de faire un Paris-Toulouse. Ça tombe bien, la voiture n’est pas faite pour. Déjà, la citadine est bridée à 125 km/h, ce qui rendrait très pénible un trajet sur autoroute. Ensuite, à cette allure, la batterie ne permettrait pas une grande autonomie, ce qui imposerait de nombreuses recharges et se conclurait par un temps de trajet rédhibitoire.
En plus, il faut regretter l’absence quasi totale d’insonorisation et donc un bruit ambiant à partir de 100 km/h assez gênant qui deviendrait insupportable après plusieurs heures passées à bord. Reste alors comme terrain de jeu à la Spring les routes nationales, les voies rapides et, bien sûr, la ville. Et là, son autonomie fera pâlir bien des modèles électriques. Selon les données du constructeur et les chiffres d’homologation WLTP, la Spring peut parcourir 305 km en usage urbain et 230 km en usage mixte. C’est mieux que la Twingo Electric, annoncée à respectivement 270 km et 190 km. Attention, pour rappel, dans les deux cas ces valeurs sont un peu optimistes. Lors de notre prise en main, qui comprenait des voies rapides et de la ville, nous avons relevé via l’ordinateur de bord une autonomie de 170 km. C’est plutôt un bon chiffre car nous ne nous sommes pas souciés de l’autonomie et n’avons pas cherché à économiser la batterie.
Temps de charge de la Dacia Spring
Type de prise | Temps de charge de 0 à 100 % |
Prise domestique (2,3 kW, 10 A) | 13 h 32 |
Prise Green Up/Wallbox (3,7 kW, 16 A) | 8 h 28 |
Wallbox (7,4 kW, 32 A) | 4 h 51 |
Charge rapide CD 125 A | 56 minutes (de 0 à 80 %) |
Le comportement routier de la Spring est plutôt d’un bon niveau. En ville, son lieu de prédilection, elle est quasi irréprochable et sa très grande maniabilité est très appréciable. La citadine peut en effet se faufiler dans un trou de souris et les manœuvres deviendraient presque un plaisir. Le modèle haut de gamme dispose tout de même de la caméra de recul, un accessoire pratique mais qui ne s’avère pas vraiment indispensable car la visibilité est très bonne. Les suspensions, relativement souples, offrent un bon confort et protègent les occupants des défauts de la route. Même une route pavée ne les mettra pas à mal, en dehors du bruit généré. En revanche, cela se gâte un peu sur route où la direction très assistée n’offre pas un bon ressenti au conducteur et la trajectoire manque alors un peu de précision. Si nous avions un peu d’a priori sur l’absence de barre antiroulis (devenue rare sur les voitures modernes) nous avons été agréablement surpris. La Spring ne tangue pas trop et se maintient assez bien dans les virages serrés.
Un regret sur la monte de pneumatiques d’origine chinoise. Les Linglong Green-Max HP050 ne sont pas des plus performants et génèrent pas mal de bruit. Et, lorsque la route est mouillée, il faudra se montrer assez vigilant et ne pas négocier les virages trop rapidement pour ne pas déclencher l’ESP (correcteur de trajectoire). Dans nos tests de pneus, nous avons évalué un autre pneu de marque Linglong, le Green-Max HP010, très proche du H050, qui écopait d’une note globale de seulement 8/20 !
Sécurité
Malgré son tarif, la Dacia Spring ne fait pas l’impasse sur les équipements de sécurité. Elle reçoit par exemple de série 6 airbags, le freinage automatique d’urgence (sans détection de piéton et cyclistes néanmoins) et l’allumage automatique des feux. Des solutions que ne propose pas toujours la concurrence.
La Dacia Spring en résumé
Hors bonus écologique, il faudra débourser un minimum de 16 990 € pour s’offrir une Dacia Spring en finition Confort, contre 21 350 € pour une Twingo Electric. Un tarif qui descend à 12 403 € une fois le bonus déduit (1). Cerise sur le gâteau, ceux qui ont une vieille voiture peuvent en plus bénéficier de la prime à la conversion de 2 500 €, ce qui amène le tarif à seulement 9 903 € ! Un tarif simplement imbattable actuellement pour une électrique neuve. On peut alors pardonner beaucoup de choses à la Spring : son intérieur spartiate, son insonorisation perfectible, sa direction un peu floue sur route et même ses pneus de qualité en dessous de la moyenne. Reste son habitabilité appréciable au regard de ses dimensions, son autonomie et ses performances très intéressantes, parfois même supérieures à la concurrence, et sa grande maniabilité en ville. Enfin, signalons sa garantie 3 ans ou 100 000 km (comme tous les modèles Dacia) et 8 ans ou 120 000 km (jusqu’à 70 % de la capacité) pour la batterie. La Spring se place donc comme une excellente solution pour un usage au quotidien.
Les +
- Tarif
- Autonomie
- Niveau d’équipement
Les -
- Finition
- Insonorisation
- Qualité de fabrication
- Câble de charge rapide en option
D’abord en autopartage puis en utilitaire
Pour rouler en Spring (deux finitions au choix, Confort ou Confort Plus), le client particulier devra attendre… l’automne. En effet, à partir du 20 mars et ce début du printemps (Spring en anglais) l’acheteur ne pourra réaliser qu’une précommande en ligne. Il devra ensuite la finaliser en juin pour recevoir sa voiture en octobre. Mais la version Business, réservée aux professionnels, est, elle, déjà livrée dans les concessions, les flottes d’entreprises et chez certains acteurs de l’autopartage. Il sera donc possible de conduire la Spring Business soit en passant par votre représentant de la marque qui pourra vous proposer un essai, soit en la louant une journée chez Leclerc par exemple (tarif annoncé : 5 € la journée plus un tarif au kilomètre).
À noter que la Spring Business est un peu particulière : elle n’est disponible qu’en blanc ou gris clair avec des détails esthétiques de couleur bleue et dispose de tapis de sol et de sièges spécifiques plus fermes (censés mieux résister aux mauvais traitements).
Enfin, notons qu’une version utilitaire Cargo (sans banquette arrière) sera également proposée en 2022.
(1) Le bonus écologique pour l’achat d’une voiture électrique est actuellement de 6 000 €, dans la limite de 27 % du prix d’achat de la voiture. Pour la Spring en finition Confort, il est donc de 4 588 € (27 % de 16 990).