Yves Martin
Premières impressions
Avec l’Arkana, Renault se lance dans un nouveau segment où les modèles sont encore assez rares : celui des SUV coupés. Le confort et l’habitabilité de l’Arkana sont appréciables mais sa ligne plongeante induit des désagréments, à savoir une visibilité limite et un accès à bord peu évident à l’arrière.
Séduire les amateurs de berlines qui ne veulent pas opter pour un SUV imposant et parfois jugé comme plus polluant tout en conservant la clientèle habituelle de ce type de voiture, tel est le pari de Renault avec l’Arkana. Le constructeur réussit à proposer un véhicule attractif sans sacrifier les atouts d’un « vrai » SUV : l’habitabilité et le volume de chargement.
Qualité de vie à bord
L’intérieur de l’Arkana n’est pas aussi innovant que l’extérieur, avec une sensation de déjà vu, notamment en raison de la présence de l’écran central utilisé sur bien d’autres modèles de la marque. L’impression de qualité est confirmée par la présence de matériaux rembourrés, agréables au toucher et très bien assemblés. Les commandes sont ergonomiques et les quelques touches placées sous l’écran central et à gauche du conducteur sont appréciables pour accéder rapidement à une fonction sans avoir à passer par l’écran central. Ce dernier, d’une taille généreuse (9,3 pouces dans sa version la plus grande), peut être divisé en plusieurs parties afin d’afficher différents menus. Ainsi la carte de navigation peut occuper la moitié supérieure alors qu’en dessous on trouve par exemple les informations du téléphone et de la radio. C’est aussi par cet écran que le conducteur peut modifier les réglages du véhicule selon différents modes : Eco, Sport ou personnalisé. À noter que sur la version de base Zen, cet écran ne fait que 7 pouces et est placé en position horizontale : c’est beaucoup moins moderne. Même constat pour le combiné d’instruments numériques qui est plus ou moins grand : de 4,2 (les cadrans ne sont alors pas numériques) à 7 ou 10,2 pouces. Il va sans dire que le grand modèle est plus convivial car il permet de personnaliser complètement l’affichage.
Question habitabilité, au regard de la ligne de l’Arkana et de son pavillon plongeant, nous avions anticipé des places arrière étriquées et peu confortables. À notre grande surprise, il n’en est rien. Si l’accès à ces places est rendu délicat par l’ouverture limitée de la porte, elles sont très accueillantes. Même un occupant de presque 1,90 m peut s’y installer sans toucher le toit. Et côté largeur, c’est tout aussi étonnant. Avec 1 453 mm de disponibles, les passagers seront assez bien lotis, mieux que dans d’autres SUV.
Le volume, c’est aussi l’atout du coffre qui dispose d’une capacité de 513 litres et jusqu’à 1 296 litres lorsque la banquette est entièrement rabattue. À noter que la version E-Tech disposera respectivement de 480 et 1 263 litres en raison de la présence des batteries sous le plancher. Mais c’est encore plus généreux que sur un Kia Xceed par exemple.
Au volant
L’Arkana innove par son style, c’est indéniable, mais aussi par ses motorisations : aucun diesel ni boîtes de vitesses mécaniques ne sont prévus et tous les moteurs seront hybrides (micro-hybride ou full-hybride). Ce sont donc trois versions à essence qui seront au catalogue, associées à une boîte de vitesses robotisée à double embrayage à 7 rapports EDC7 ou dite « mutimode » pour l’E-Tech à venir. On trouve donc sous le capot un quatre cylindres à essence 1.3 l de 140 ch ou de 160 ch et un 1.6 l hybride E-Tech de 145 ch. Mais, pour l’instant, il faudra patienter pour disposer de la seule version hybride vraiment intéressante : la version E-Tech ne sera proposée que dans quelques mois et le moteur 160 ch à la fin de l’année. Nous avons donc pris en main la seule version disponible, l’Arkana Tce 140 EDC FAP. Utilisant une technologie d’hybridation minimaliste, ce moteur s’est quand même avéré assez sobre sur notre parcours mêlant des routes urbaines aux voies rapides et nationales. En effet, côté consommation, il n’y a pas grand-chose à reprocher à la mécanique avec environ 7 l aux 100 km, c’est plutôt dans la moyenne basse de la catégorie. En revanche, en termes d’agrément, nous avons relevé un point négatif : le moteur émet un bruit assez désagréable lors des fortes accélérations (insertion sur une voie rapide, dépassement…) et semble patiner comme avec une boîte à variation continue (type CVT).
Sur route, le confort est d’un excellent niveau et les suspensions gèrent comme il se doit les irrégularités de la route. Qu’elle soit dégradée ou non, les passagers voyageront dans un grand confort, à l’avant comme à l’arrière. Et, si le véhicule montre quand même un peu ses limites quand il faut négocier des virages à un rythme soutenu, la tenue de route est agréable et sereine.
C’est en ville que l’Arkana sera moins à l’aise en raison d’une visibilité largement perfectible. C’est certes indissociable du choix stylistique mais les manœuvres demanderont un minimum d’attention. La caméra 360°, qui offre une visibilité « vue du ciel » de la voiture est alors indispensable mais il faudra patienter pour en disposer car elle n’est pas proposée aujourd’hui. Il faudra donc se contenter d’une simple caméra de recul (certes proposée de série sur toutes les versions).
Sécurité
Bien équipé, l’Arkana se targue de 5 étoiles aux crash tests EuroNCAP. Son niveau d’équipement d’aide à la conduite est très important avec l’assistant autoroute et trafic (conduite autonome de niveau 2), la reconnaissance des panneaux de signalisation, l’avertisseur d’angle mort, l’alerte de franchissement de ligne ou encore l’assistant maintien de voie. Le freinage actif d’urgence est capable de détecter les cyclistes et les piétons et d’alerter le conducteur d’une situation dangereuse. Il peut enclencher le freinage si ce dernier ne réagit pas. Autre facteur de sécurité, l’augmentation de la vision grâce à des projecteurs avant 100 % LED de série et à l’allumage automatique des feux.
Le Renault Arkana en résumé
Le segment des SUV compacts est aujourd’hui dominé par le Peugeot 3008 en France. À défaut de prendre l’avantage en termes d’équipements, Renault a choisi l’atout de la ligne avec son nouveau Arkana. Ce SUV compact coupé répond aux attentes des acheteurs de voitures compactes avec ses dimensions contenues, et à celles des fans de SUV avec un look particulier et de la place pour les occupants.
Côté tarifs, le constructeur place son modèle en bonne position puisqu’un Peugeot 3008 1.2 PureTech 130 EAT8 GT s’affiche à 38 700 €, contre 34 700 € pour un Renault Arkana 1.3 TCe 140 EDC7 RS Line.
Les +
- Ligne
- Habitabilité
- Volume de coffre
- Qualité de fabrication
- Confort
Les -
- Visibilité vers l’arrière
- Caméra 360° pas encore disponible
- Accès aux places arrière
- Bruit à l’accélération
Il y a Arkana et Arkana
Ceux qui suivent l’actualité automobile pourraient se demander à quel jeu joue Renault pour avoir retardé la commercialisation de l’Arkana en France alors qu’il est présent en Russie depuis l’été 2019. En fait, les deux SUV n’ont que deux points communs : une ligne similaire et un nom identique. Techniquement parlant, le modèle destiné au marché européen n’a rien à voir car il est issu d’une plateforme différente : le modèle russe est conçu sur une base de Duster, plus apte à affronter les routes difficiles, alors que le modèle européen est basé sur la CMF-B, déjà utilisée pour les Clio et Captur. Le premier est fabriqué dans l’usine de Moscou alors que le second sort de Busan (Corée du Sud). Au final, selon Renault, l’Arkana russe et l’Arkana européen ont moins de 5 % de pièces en commun.