Camille Gruhier
Vraiment plus rapide, la charge rapide ?
De plus en plus de smartphones sont compatibles avec la charge rapide, une fonction qui promet de recharger la batterie en un temps record. Les fabricants vont jusqu’à annoncer 70 % de batterie chargée en 20 minutes. Alléchant, mais qu’en est-il en réalité ? Fonctionnement, technologies disponibles, efficacité : voici les points à connaître et les conclusions de nos premières observations en laboratoire.
La charge rapide, c’est quoi ?
La charge rapide permet de réduire le temps nécessaire pour recharger la batterie de son smartphone. La recharge d’une batterie n’étant pas linéaire, la charge rapide permet de charger la première moitié de la batterie beaucoup plus rapidement que la seconde. L’idée consiste à obtenir le maximum d’autonomie après 15 ou 30 minutes de charge, pour écarter les pannes sèches.
Pour en profiter, smartphone et chargeur doivent être compatibles. Concrètement, plus le chargeur est puissant, plus la charge est rapide. La puissance délivrée par le chargeur est facile à calculer : il suffit de multiplier l’intensité par la tension (ces deux valeurs sont indiquées sur le chargeur). Les chargeurs classiques délivrent un courant de 1 A sur 5 V, soit une puissance de 5 W. Pour l’augmenter, certains jouent sur l’intensité, d’autres sur la tension. Car il existe plusieurs technologies, plus ou moins compatibles entre elles.
Quick Charge, Pump Express, Dash… Des technologies différentes
Un peu de technique. Le « cerveau » des smartphones, c’est leur « SoC » (« System on a chip »). Ce composant électronique pilote toutes les fonctions de l’appareil. Les fabricants de smartphones s’approvisionnent chez l’Américain Qualcomm, qui domine le marché, et chez le Taiwanais MediaTek. Certains fabriquent eux-mêmes ce composant, notamment Apple, Samsung (pour certains de ses modèles) ou encore Huawei. Ce SoC gère ainsi, entre autres, l’alimentation, donc la charge rapide. Conséquence : il existe différents systèmes de charges rapides, et la plupart sont incompatibles entre eux.
La technologie Quick Charge de Qualcomm est la plus répandue : 150 smartphones différents en sont aujourd’hui équipés. La version actuelle (Quick Charge 3.0) promet 63 % de batterie après 30 minutes de charge. Qualcomm promet même 71 % avec Quick Charge 4.0, qui équipera les smartphones de 2018.
MediaTek propose quant à lui sa technologie Pump Express, déclinée en trois versions : Pump Express Plus, Pump Express Plus 2.0 et Pump Express 3.0. Il promet jusqu’à 70 % de batterie en 20 minutes.
Samsung, Motorola, OnePlus et Huawei disposent de leurs propres solutions, respectivement baptisées Adaptative Charge, TurboPower, Dash et Huawei Super Charge. Certaines d’entre elles sont basées sur la technologie de Qualcomm, d’autres pas.
Une charge vraiment plus rapide
Tout au long de l’année, nous testons les nouveaux smartphones en laboratoire. Depuis toujours, nous mesurons le temps nécessaire pour une charge complète, ainsi que le niveau de batterie après 15 minutes de charge. Nous utilisons pour cela le chargeur fourni dans la boîte. En examinant les résultats des smartphones de l’année, nous avons pu tirer plusieurs enseignements.
D’abord, la charge rapide est globalement efficace : le temps nécessaire pour charger complètement les smartphones est effectivement plus court lorsqu’ils proposent la charge rapide. Le temps de charge d’un smartphone dépend de la capacité de la batterie. Les modèles que nous avons testés en 2017 intègrent pour la plupart des batteries de 2 000 à 3 000 mAh, logiquement plus rapides à charger complètement que les batteries de 3 500 à 5 000 mAh (de plus en plus fréquentes). Pour les smartphones à grosse batterie (de 3 500 à 5 100 mAh), le temps moyen pour une charge complète passe de 3 h à 2 h 19 lorsque l’appareil offre la charge rapide. Pour les smartphones à batterie de 3 000 à 3 400 mAh, la moyenne passe de 2 h 43 à 1 h 53.
Nous avons également observé que le niveau de batterie moyen obtenu après 15 minutes augmente lorsque le smartphone propose la charge rapide. On passe ainsi de 12,2 à 18,2 % (3 500 à 5 100 mAh), de 12,2 à 21,8 % (3 000 à 3 400 mAh), de 10 à 14 % (2 600 à 2 900 mAh) et de 11,3 à 16,5 % (2 300 à 2 500 mAh).
Gare au chargeur !
L’analyse plus fine de ces résultats laisse toutefois apparaître de surprenants résultats. Par exemple, le Sony Xperia XA1 n’offre que 11 % de batterie après 15 minutes de charge (la moyenne de sa catégorie est de 16,5 %). De même, le Lenovo Moto E4 Plus se limite à 8 % (la moyenne est à 18,2 %). Ces contre-performances s’expliquent peut-être par l’efficacité des différents systèmes de charge. Difficile à vérifier, les informations techniques sont lacunaires. Citons encore l’iPhone X, qui n’offre que 9 % quand le Google Pixel 2 atteint 27 % ! Avec 10 et 14 % respectivement, les iPhone 8 et iPhone 8 Plus sont également décevants. On est loin des 50 % de batterie en 30 minutes promis par Apple ! Mais cette fois, l’explication est limpide : avec ces smartphones, le fabricant se contente de livrer un chargeur classique (5 V/1 A). Pour profiter de la charge rapide, il faut acheter un autre chargeur. Chez Apple, vous aurez le choix entre un adaptateur USB-C à 59 € (29 W), 79 € (61 W) ou 89 € (87 W) auquel il faudra joindre un câble Lightning/USB-C à 30 €. Mesquin. Heureusement, il est possible d’opter pour un adaptateur secteur d’autres fabricants (il en existe plusieurs dans le commerce, comptez 15 €).
Notre conseil : au moment d’acheter un smartphone à charge rapide, vérifiez bien que le chargeur adéquat est livré avec. Sinon, il faudra en acheter un autre dans le commerce. Et dans ce cas, veillez bien à ce qu’il soit compatible avec la norme de charge rapide de l’appareil (Quick Charge, TurboPower, Pump Express, etc.) et à sa version (Quick Charge 2.0 ou 3.0, etc.).