Politique de l'eau
Les consommateurs donnent leur avis
Publié le :
22/11/2005
SOMMAIRE
- 1. I - Les modalités de l'enquête
- 2. II - Les résultats de la consultation de l'UFC-Que Choisir
- 3. Partie 1 : la qualité de l'eau
- 4. 1
- 5. 2
- 6. 3
- 7. 4
- 8. 5
- 9. Partie 2 : la sécheresse et la disponibilité de l'eau
- 10. 6
- 11. 7
- 12. 8
- 13. Partie 3 : le prix de l'eau
- 14. 9
- 15. 10
- 16. III - Le profond décalage entre les attentes des consommateurs et les orientations du projet de loi sur l'eau
- 17. Constat n°1
- 18. Constat n°2
- 19. Constat n°3
- 20. Constat n 4
- 21. Constat n°5
I - Les modalités de l'enquête
Enquête par questionnaire réalisée entre le 1er septembre et le 21 octobre 2005.
Questionnaire diffusé par les 187 associations locales de l'UFC-Que Choisir auprès de leurs adhérents et mis à disposition du public dans les permanences des associations locales,
Nombre de questionnaires collectés : 3372.
- dont 2801 questionnaires collectés par les associations locales,
- dont 571 questionnaires collectés par le site internet.
Par souci de simplicité, il n'a pas été demandé aux sondés des informations relatives à leurs caractéristiques socio-démographiques (âge, profession etc).
II - Les résultats de la consultation de l'UFC-Que Choisir
Partie 1 : la qualité de l'eau
1
Diriez-vous que l'eau du robinet de votre domicile :
|
% |
---|---|
a très bon goût |
3,6 % |
a bon goût |
48;6 % |
a mauvais goût |
35,4 % |
a très mauvais goût |
5,4 % |
ne sais pas |
7,1 % |
Les consommateurs ont une évaluation très nuancée de la qualité gustative de l'eau. Si une petite majorité des sondés estime qu'elle a bon goût (52,2 %), près de 40 % des consommateurs ne sont pas satisfaits par le goût de l'eau potable. |
2
Concernant votre consommation d'eau quotidienne,êtes-vous inquiet par les types de pollutions suivants ?
|
Oui beaucoup |
Oui assez |
Non pas beaucoup |
Non pas du tout |
Ne sais pas |
---|---|---|---|---|---|
la pollution par les pesticides |
56,5 % |
28,2% |
7,8 % |
3,2 % |
4,2 % |
la pollution par les nitrates |
50,7 % |
31,7 % |
8,9 % |
3,6 % |
5,5 % |
la pollution par le phosphore |
29,1 % |
27,3 % |
15,6 % |
5,0 % |
22,6 % |
Les consommateurs font apparaître une très grande sensibilité envers la pollution par les pesticides (84 % se déclarent globalement inquiets) et envers la pollution par les nitrates (82 % se déclarent globalement inquiets). Dans une moindre mesure, les sondés sont majoritairement inquiets par la pollution au phosphore. |
3
A votre avis, le principe pollueur-payeur devrait-il être respecté dans le domaine de l'eau ?
|
% |
---|---|
oui |
94,0 % |
non |
2,0 % |
sans opinion |
4,0 % |
L'avis des usagers consultés est quasi-unanime sur ce sujet : l'application du principe pollueur-payeur apparaît comme une évidence. |
4
Entre les agriculteurs, les industriels et les usagers....
...pouvez-vous hiérarchiser ceux qui devraient prendre en charge financièrement le traitement de la pollution par les nitrates et les pesticides (une seule réponse par ligne) ?
|
Agriculteurs |
Industriels |
Usagers |
Sans opinion |
---|---|---|---|---|
en premier |
57,8 % |
39,7 % |
1,8 % |
0,7 % |
en deuxième |
38,7 % |
52,4 % |
4,0 % |
4,9 % |
en troisième |
2,2 % |
3,8 % |
88,1 % |
5,9 % |
Pour les sondés, l'application du principe pollueur-payeur dans les domaines des nitrates et des pesticides engage essentiellement la responsabilité des usagers professionnels. Parmi ces derniers, les agriculteurs arrivent en tête (57 % cités en première place) devant les industriels (39 %). |
5
Pouvez-vous hiérarchiser ces trois actions auxquelles devrait servir la taxation des agriculteurs (une seule réponse par ligne) ?
|
Financer le traitement de la pollution de l'eau |
Aider financièrement les agriculteurs qui désirent diminuer leur pollution |
Diminuer la contribution financière des usagers |
Sans opinion |
---|---|---|---|---|
en premier |
39,0 % |
44,9 % |
14,9 % |
1,2 % |
en deuxième |
43,0 % |
32,4 % |
21,1 % |
3,5 % |
en troisième |
15,6 % |
19,6 % |
60,5 % |
4,3 % |
Les consommateurs sondés ne veulent pas que la taxation des agriculteurs soit utilisée pour diminuer la contribution des usagers (15 % placent cette option en première position, 60 % la placent en troisième position). Ils préfèrent que cette taxation serve, en premier lieu, à aider les agriculteurs à changer leurs pratiques (45 % placent cette option en premier choix) puis, en deuxième lieu, à financer la dépollution de l'eau (39 % placent cette option en premier choix).La mise en oeuvre du principe du pollueur-payeur pour le monde agricole ne répond donc pas à une logique d'équité fiscale (baisser la contribution des usagers) mais doit servir à l'amélioration de la qualité de l'eau soit par une prévention en amont (l'aide aux agriculteurs) soit par des mesures correctrices en aval (financer la dépollution). |
Partie 2 : la sécheresse et la disponibilité de l'eau
6
Diriez-vous que, depuis cinq ans, dans votre département, les périodes de sécheresse sont :
|
% |
---|---|
de plus en plus fréquentes ? |
62,3 % |
restées stables ? |
26,8% |
de moins en moins fréquentes ? |
0,8 % |
ne sais pas |
10,1 % |
Les consommateurs constatent que les épisodes de sécheresses sont de plus en plus fréquents (62 %), ce qui est conforme aux observations factuelles. |
7
Pour les prochaines années, les perspectives d'éventuelles sécheresses dans votre département vous inquiètent-elles ?
|
% |
---|---|
oui beaucoup |
33,5 % |
oui assez |
47,0 % |
non pas beaucoup |
18,4 % |
non pas du tout |
1,1 % |
De façon incontestable, la sécheresse est un motif d'inquiétude pour les sondés (80 % sont globalement inquiets et un tiers se déclarent « beaucoup inquiets »). |
8
Pouvez-vous hiérarchiser les actions ci-après pour lutter contre la sécheresse ? (une seule réponse par ligne)
|
Forer le sol pour exploiter denouvelles nappes d'eau |
Renforcer les restrictions d'eau durant l'été |
Taxer les activités qui consomment beaucoup d'eau |
Sans opinion |
---|---|---|---|---|
en premier |
18,2 % |
16,1 % |
63,5 % |
2,2 % |
en deuxième |
19,3 % |
53,3 % |
23,3 % |
4,1 % |
en troisième |
56,7 % |
26,1 % |
11,0 % |
7,2 % |
Pour lutter contre la sécheresse, les sondés choisissent très majoritairement la taxation des activités qui consomment beaucoup d'eau (63 % en première position). Après avoir retenu l'application du principe du pollueur-payeur les consommateurs réaffirment donc la mise en oeuvre du principe de l'usager-payeur. Le choix des restrictions d'eau, qui a la faveur des pouvoirs publics, obtient peu de suffrages (16 % en première position).La proposition de « forer le sol pour exploiter de nouvelles nappes d'eau » envisage de développer de nouveaux accès à la ressource alors que les deux autres propositions retiennent l'idée, par des moyens différents, d'économiser les ressources. Cette option reçoit un faible écho auprès des consommateurs sondés (55 % la placent en dernière position).Cependant, il aurait été préférable d'interroger les consommateurs sur le stockage de l'eau, qui est une autre possibilité de développement de la ressource, et qui est depuis peu envisagée par le ministère de l'écologie. Nous retenons donc le jugement le plus significatif : pour lutter contre la pénurie d'eau les consommateurs préfèrent largement la taxation de l'usage aux restrictions quantitatives. |
Partie 3 : le prix de l'eau
9
Diriez-vous que l'eau du robinet de votre domicile est :
|
% |
---|---|
très chère |
24,5 % |
chère |
55,2 % |
pas chère |
9,8 % |
ne sais pas |
10,4 % |
10
Hiérarchisez les éléments ci-dessous dont, selon vous, dépend la hausse du prix de l'eau (une seule réponse par ligne) :
|
Les coûts liésau traitement del'eau polluée |
Les coûts liés àla distribution de l'eau potable |
Les coûts liés à l'assainissement des eaux usées |
Les taxes additionnelles de la facture |
Sans opinion |
---|---|---|---|---|---|
en premier |
39,4 % |
10,9 % |
26,5 % |
20,2 % |
3,0 % |
en deuxième |
27 % |
15,2 % |
42,8 % |
9,9 % |
5,1 % |
en troisième |
19,0 % |
31,6 % |
19,2 % |
24,1% |
5,9 % |
en quatrième |
9,5 % |
37,2 % |
6,3 % |
40,0 % |
7,0 % |
Les sondés estiment très majoritairement que l'eau potable est un produit onéreux (79,7 % jugent l'eau très chère ou chère). La modération du taux de croissance du prix de l'eau, constatée de 1997 à 2003, n'a pas convaincu les consommateurs. Outre les questions sanitaires, l'eau potable reste donc un sujet de préoccupation économique. Ensuite, les consommateurs établissent un lien très direct entre la pollution de la ressource aquatique et l'augmentation de la facture d'eau potable. La consultation fait apparaître que, selon les sondés, les premiers facteurs inflationnistes du prix de l'eau sont les coûts liés au traitement et à l'assainissement (la première position est attribuée pour 39 % aux coûts de traitement de l'eau polluée et à 25 % aux coûts de l'assainissement des eaux usées. Ces deux propositions concentrent les deux-tiers des deux premiers choix). Ces coûts représentent le financement de la dépollution. Les taxes additionnelles de la facture et les coûts liés à la distribution sont considérés par les sondés comme des facteurs secondaires à l'augmentation du prix de l'eau.Les résultats à ces questions ne constituent pas une étude factuelle de l'évolution du prix de l'eau et de ses facteurs d'inflation. Les sondés n'ont souvent pas l'information nécessaire pour évaluer précisément ces questions. Mais, en tout état cause, les consommateurs établissent un lien très direct entre la pollution de la ressource aquatique et la cherté de l'eau potable. |
III - Le profond décalage entre les attentes des consommateurs et les orientations du projet de loi sur l'eau
La consultation menée par l'UFC-Que Choisir laisse apparaître un profond décalage entre l'opinion des usagers domestiques et les orientations du projet de loi sur l'eau :
Constat n°1
Les consommateurs expriment une grande inquiétude quant à la pollution de l'eau par les nitrates et par les pesticides.
Le gouvernement a renoncé a mettre en place une taxation des nitrates et accroît faiblement la taxation des pesticides.
Constat n°2
Les consommateurs demandent l'application du principe pollueur-payeur. Concernant la pollution par les nitrates et par les pesticides, les consommateurs estiment que l'application du principe pollueur-payeur implique en premier lieu la taxation des agriculteurs.
Le projet de loi ne reprend pas ce principe puisque les principaux pollueurs (les exploitants agricoles) sont de très loin les derniers contributeurs aux agences de l'eau.
Constat n°3
Les consommateurs ne désirent pas que la taxation des agriculteurs servent à diminuer leur propre contribution aux agences de l'eau. En s'écartant d'une revendication d'« équité fiscale », les consommateurs proposent que la taxation serve d'abord à accompagner le changement des productions agricoles puis, ensuite, à financer la dépollution de l'eau.
Le projet de loi sur l'eau ne prévoit pas d'affecter la taxation des agriculteurs à des aides agroenvironnementales. Plus généralement, le texte laisse une place prépondérante au financement de la dépollution de l'eau et délaisse les mesures de prévention en amont.
Constat n 4
Les consommateurs sont inquiets des épisodes de sécheresse et, pour y remédier, demandent très majoritairement que soit procédé à une taxation incitative de la consommation d'eau. L'usage des restrictions d'eau est une solution désavouée. Le projet de loi sur l'eau modifie très peu le régime de la redevance pour la consommation d'eau. L'usage agricole de l'eau, qui représente plus de la moitié de la consommation nationale, reste marginalement taxé. La politique du gouvernement privilégie aussi les arrêtés de restrictions d'eau qui sont censés avoir un effet dissuasif.
Constat n°5
Pour les consommateurs, l'eau est un produit cher et, selon les sondés, la hausse du prix provient des coûts générés par le traitement et l'assainissement. Les usagers domestiques attribuent à la pression environnementale des conséquences sanitaires mais aussi des répercussions économiques.
Le projet de loi sur l'eau ne propose aucune mesure concrète pour limiter l'inflation du prix de l'eau.